Travaillant à l’hôpital, je suis bien positionnée pour te voir, mon amie. Je te vois t’occuper du patient en phase terminale en essayant d’apaiser ses souffrances de ton mieux, je te vois courir pour rattraper la dame confuse qui pense pouvoir quitter l’hôpital malgré sa hanche cassée, je te vois rassurer la famille de ces innombrables patients qui passent sur l’étage où tu travailles.
Ce que les gens ne savent pas, c’est que tu fais ton deuxième shift d’affilée. Ils ne savent pas que ça fait maintenant seize heures que tu travailles d’arrache-pied pour que tes patients se sentent apaisés, pris en charge et confortables. Ils ne savent pas que tu as dû téléphoner à la maison pour, encore une fois, expliquer à tes enfants que tu ne serais pas là pour l’heure du dodo ce soir ou pour les accompagner à l’école demain matin.
Mon amie, sache que je t’entends quand tu me dis que tu es fatiguée, que tu as mal au dos et que tu as hâte de pouvoir passer enfin une journée en pyjama. Je t’entends quand tu me dis que ton couple est fragile, qu’il est mis à l’épreuve à cause de la fatigue. Je t’entends quand tu pleures parce que tu apprends que tu devras accomplir deux quarts de travail en vingt-quatre heures. J’arrive à voir la panique dans tes yeux lorsque tu entends qu’il manque une infirmière sur le prochain quart.
Tu as choisi, comme gagne-pain, de soigner les gens les plus vulnérables. Tu as pris la décision d’orienter ta carrière dans le domaine des soins infirmiers. Tu soutiens non seulement les patients, mais également leur famille. Tu as choisi d’agir. Tu as choisi d’être infirmière et tu ne devrais pas souffrir de cette décision.
Tu sais mon amie, le gouvernement et les patients ne le voient peut-être pas, mais moi, je te vois. J’entends tes cris de détresse, j’entends la peur dans ta voix quand tu entres travailler sans savoir si tu devras encore faire un temps supplémentaire obligatoire. Sache que tu n’es plus seule, mon amie.
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