Tu vas toujours te rappeler le moment où c’est arrivé, quand ton monde s’est écroulé. Cette nuit-là, c’est toute ta vie qui a volé en éclats. Lui, il partait refaire sa vie sur son petit nuage, sans avoir levé de drapeau pour t’avertir, sans même pouvoir lire sur ses lèvres un semblant de remords, d’excuses, de regrets.
Pire, il emportait avec lui tes rêves, ta douceur, ton amour-propre.
Toi, t’essayais tant bien que mal de garder tes bébés bien au chaud, entourés d’amour. Nuit après nuit, tu restais éveillée, aux aguets, pour être certaine qu’il n’y aurait pas d’autre tempête pour essayer de troubler leur sommeil.
Mais je veux que tu saches que s’il est parti, c’est pas de ta faute.
Malgré tout ce qu’il pourra dire, pour laver sa culpabilité pis son orgueil. Toi, tu le sais que t’as tout fait pour lui, pour votre couple, votre famille. T’as relevé tes manches pour devenir la femme qu’il voulait que tu sois. T’as ravalé ta peine chaque jour pour être là pour lui. T’as oublié tous tes petits maux du quotidien pour t’assurer que lui, il recevrait tout l’amour du monde. Tu l’écoutais et l’épaulais quand il en avait besoin, tu voulais le rendre heureux parce que tu le sais bien qu’un couple c’est ça, vouloir le bonheur de l’autre…
Je l’ai vue toute cette douceur-là que tu lui portais, et je veux que tu saches que c’est loin d’être de ta faute s’il vous a quittés.
La vérité c’est que lorsque tu avais besoin de lui, il fuyait. Ça devenait trop lourd pour lui d’être là pour quelqu’un d’autre. Quand t’es tombée, quand tu avais besoin de lui, il t’a regardé essayer de te relever toute seule. Quand t’avais besoin de la chaleur de ses bras pour te réconforter, il te regardait avec froideur, convaincu que c’est lui qui devait recevoir tout ça, et non toi. Et quand tu voulais un coup de main pour t’occuper de tes petits lapins, il te rappelait comment sa vie à lui était tellement plus difficile.
Toi, tu pensais toujours à lui.
Lui, il pensait avant tout à lui.
Mais toi, qui pensait à toi?
Tu ne voulais pas en faire un concours, tu ne voulais pas trouver un gagnant. Tu voulais juste un peu de support de ton amoureux, du papa de tes enfants, de celui qui était supposé être ton complice.
Puis tu t’es mise à chercher le gars du début, l’homme qui t’avait conquise. Le prince charmant qui te couvrait d’amour et de cadeaux dans les premiers temps. Mais il existe pas vraiment ce gars-là. C’était un masque, une game pour t’avoir dans son filet et pouvoir exiger de toi d’être éternellement reconnaissante de ces moments-là. Parce que dans sa tête, c’est lui qui mérite tout l’amour et l’admiration du monde, personne d’autre.
Pis aujourd’hui, au fond de ton coeur, je le sais que tu penses qu’il a tout aspiré de toi, jusqu’à la dernière goutte. Que ta douceur, ta joie de vivre, ton estime de toi, le regard émerveillé que tu portais sur la vie, que tout ça, ça s’est embrasé avec le feu qui a ravagé tes rêves.
Mais je te le dis ma belle, tout ça, il ne te l’a pas volé. Je les vois en toi ces petites lueurs de douceur quand tu prends soin de tes enfants, quand tu te réveilles la nuit pour les réconforter, quand tu leur offres leurs plus beaux souvenirs d’enfance.
La vérité, c’est que c’est de sa faute s’il n’a pas réalisé la magnifique femme que tu es, tout ce que tu offres à ceux que tu aimes, et tout ce que tu aurais fait pour lui. S’il est parti, c’est qu’il le sait qu’il te méritait pas, et bien vite tu vas vouloir le remercier d’être parti.
Et pour être passée par là, pour avoir vécu tout ça, je peux te jurer que rien de tout ça est de ta faute. Je te promets qu’il y a du doux et du beau à l’horizon, et bien plus que tu peux le croire et l’espérer.
Parce que toi ma belle, tu mérites un amour aussi doux que ton âme.
C’est mon histoire que tu racontes… seulement moi, je m’en suis rendue compte avant et c’est moi qui ai décidé de partir.