Tu es entré dans ma vie un soir où je ne m’y attendais pas. Un de ces soirs tout gris, un peu froid, où on écoute tranquillement une émission sous une grosse couverture. J’avais un petit bedon, j’ai fait un test de grossesse « pour le fun » sans penser que le résultat pourrait être positif.
J’ai vu la première petite ligne rose, puis la deuxième. Mes yeux se sont écarquillés, j’ai crié à mon mari de venir voir, puis je me suis mise instinctivement à calculer ton âge, toi la petite crevette qui s’était installée dans mon bedon. Mes émotions ont été variées : joie, surprise, doute, ahurissement, larmes, peur. J’ai songé à mon avenir, qui n’incluait pas immédiatement un nouvel être, ta sœur étant encore toute petite. J’ai pensé aux neuf mois à venir, à l’auto qui n’était pas assez grande, à ce que mes proches allaient dire. Et au fond de cette tempête, comme une image fleurie, je t’ai vu serré contre moi et je t’aimais déjà, même si je ne savais pas que tu existais quelques heures plus tôt.
Je songe à l’annonce de cette surprise à chaque fois que je te regarde avec amour, toi qui es né depuis maintenant plusieurs années. Toi qui me fais sourire, que je gronde parfois, que je câline beaucoup et qui rajoutes à ma vie des éclats de bonheur. J’y pense à chaque fois que tu fais quelque chose d’incroyablement mignon, à chaque fois que tu dis « bisous maman » en t’approchant pour me serrer fort dans tes petits bras, à chaque fois que mon cœur déborde d’amour et de reconnaissance, lorsque je mesure la chance que j’ai de t’avoir. Plus tard, dans plusieurs années, toi et tes amis entendront peut-être parler des bébés accidents, de ceux qui ne sont pas prévus. Tu me poseras la question, tu me demanderas si toi, tu étais un bébé ‘voulu’. Je te ferai assoir en face de moi et je te raconterai ce jour où, sans que je ne le sache, j’ai découvert qu’un petit bonheur s’était niché dans mon ventre. Je t’expliquerai que parfois, je ne pense pas à inviter une amie à la maison, mais que je suis bien heureuse lorsqu’elle vient me dire un coucou à l’improviste.
Je te dirai que plusieurs utilisent le mot ‘surprise’, mais que je n’aime pas ce mot. Tu n’es pas une surprise, tu es un cadeau. Un cadeau qui est apparu un soir sous le sapin, que je n’avais pas demandé au Père Noël, mais que j’étais bien contente d’avoir malgré tout. Un cadeau que nous aimons fort, moi et papa, et dont nous ne pourrions nous passer. Un cadeau qui a changé notre vie à sa façon et sans lequel tout serait différent. Un cadeau qui m’a prise au dépourvu, mais qui est l’un des plus beaux que j’ai reçus.
Je te dirai tout ça, mon cœur. Et je te dirai aussi que je t’aime, énormément.
Laisser un commentaire