Tu savais pertinemment que ton retour au travail se pointerait le bout du nez plus vite que tu ne le pensais. Tu as accouché, t’as changé une couche et pouf! De retour au boulot comme si le temps avait passé à la vitesse de l’éclair, oubliant au passage des livres en trop post-bébé-dans-ta-bedaine et te laissant gratuitement ta nouvelle cervelle de moineau.
Tu te retrouves au boulot après tes maigres onze mois de congé de maternité – parce qu’avant tu trouvais ça long en mautadit, mais quand est arrivé le jour J, t’en aurais bien pris onze de plus des mois off! -, tu t’assoies sur ton bureau et puis tu te mets à penser. Penser à tes enfants qui sont à la garderie, penser à ta maison et aux tâches ménagères qui s’empilent et s’accumulent dans toutes les pièces, penser à ton chum qui avait tellement hâte que tu recommences à travailler, ne serait-ce que pour apporter (ré-apporter) un salaire décent (enfin!) au logis.
Mais c’est pas ça qui te fait capoter. C’est pas ça qui te fait angoisser et qui te donne quelques nuits d’insomnie par semaine. En fait, ton congé de maternité t’a changée. Tu n’es plus la même personne. Tu es une nouvelle femme, avec des valeurs différentes, des priorités à l’opposé ou presque de celles que tu avais avant de partir. Et tu en viens à la conclusion que tu n’es plus la carriériste que tu étais. Tu n’es plus à la même place. Tu ne te trouves plus sur la bonne chaise.
Soudainement, tu commences à envier les éducatrices ayant des garderies en milieu familial parce qu’elles ont la chance de passer des journées entière avec leurs chérubins. Soudainement, tu trouves que ton travail de bureau statique et routinier manque de vigueur, de dynamisme et de mouvement. Tu étais habituée à marcher toute la journée, courir après les bambins, faire à manger… Et là, huit heures par jour, sans compter le trafic, tu es assise derrière ton ordinateur en combattant beaucoup plus souvent qu’autrement un mal de tête en bloc probablement causé par la luminosité bien trop intense de ton écran.
Je veux juste te dire que tu as le droit de faire le point sur ta vie, toi, la maman carriériste qui se cherche. Parce que tout ce que veut et devrait faire l’être humain au cours de sa vie, c’est être à la recherche du bonheur et améliorer ses conditions. Tu as le droit de te questionner et d’aspirer un jour à être sur ton X à toi.
Tu as le droit de faire des erreurs, de prendre la décision d’arrêter ici pour mieux recommencer là. Tu as le droit de te questionner, tu as le droit de t’aimer et de te mettre à l’avant-plan de ta vie.
Je sais que ce n’est pas facile quand tu es habituée de faire passer tes petits bouts de chou et leur papa avant toi tout le temps, mais à un moment donné, il va falloir que tu commences à penser à toi et à la travailleuse que tu seras encore pour les trente prochaines années de ta vie.
Exactement ce que je vis actuellement! Moi qui croyais m’ennuyer ferme durant mon congé de maternité, qui pensais prendre seulement 8 mois et qui trouvais ça bien naturel de laisser son enfant en garderie, maintenant que mon congé se termine je flippe complètement!! Je remets toute notre belle société capitaliste en question: « c’est pas normal de faire des enfants et laisser des inconnus s’en occuper!! ». Moi qui ne tenait même pas à prendre les bébés de mes amies dans mes bras, je fantasme sur ouvrir une garderie juste afin de pouvoir voir grandir le mien, loll! Où est rendue la femme professionnelle?