Je vous écris aujourd’hui parce que, depuis déjà quelque temps, j’aurais tellement envie de vous parler, mais je me retiens. Il s’est produit trop d’événements et trop de silences se sont créés. Mais malgré les circonstances dans lesquelles nos chemins se sont divisés, je souhaite vous dire tellement de choses.
Je vous ai rencontrés pour la première fois il y a déjà quelques années. Vous étiez tellement jeunes! Je me rappelle de cette soirée où j’ai été invitée à votre maison pour vous rencontrer. Pour LA première rencontre. Je crois que j’étais encore plus nerveuse que lors de ma toute première date. Ça peut sembler étrange, mais votre opinion comptait beaucoup plus que celle de tous les hommes que j’ai pu rencontrer dans ma vie. Parce que j’aimais déjà votre père et que je savais pertinemment que votre jugement aurait le poids d’un couperet sur ma relation avec lui. Et ça, il faut être parent pour le comprendre réellement.
Un homme, ça peut se croiser (presque) n’importe où. On peut tomber sur quelqu’un d’intéressant, vivre une belle histoire et s’apercevoir (parfois) que la flamme s’étiole. Et alors, on se relève et on recommence. Mais se faire accepter par les enfants de la personne qu’on apprécie ++, ça demande beaucoup de foi, de confiance en soi et d’humilité. Mais surtout, ça exige qu’on accepte que l’issue de notre relation en devenir repose entre les mains de petits humains en développement. Et ça, c’est paniquant. Quand on tient à la relation du moins.
Je me rappelle encore les moindres détails de notre première rencontre. Vous vous teniez devant moi, petits êtres bien droits, soutenus par toute l’éducation et la politesse acquises depuis votre premier jour. Je me souviendrai toujours de l’impression si forte que vous m’aviez laissée suite à cette première expérience. Je vous ai aimés au premier coup d’œil. Je savais que j’aurais du chemin à faire et besoin de bons bras pour ramer, mais je souhaitais de tout cœur me faire une place dans votre vie. Même toute petite.
À travers les semaines, les mois et les années, j’ai eu le privilège de vous côtoyer. De vous voir grandir et évoluer. Devenir les presqu’adultes de demain que vous serez. J’ai recueilli vos joies, vos succès, vos peines, vos questionnements. Bien sûr, mon rôle était beaucoup plus proche de celui d’une amie que d’un parent. Mais j’avais quand même une responsabilité envers vous en tant qu’adulte et ce, même si je ne vous avais pas mis au monde. Je souhaitais être un modèle pour vous, un ancrage, un port d’attache. Que de fierté j’avais lorsque vous veniez me voir, chacun à votre façon et à votre rythme, pour venir me confier vos angoisses, vos craintes, vos doutes, vos histoires d’enfants ou de jeunes adultes. Vos succès, vos échecs, vos bons coups comme les mauvais. Vos anecdotes de cour d’école, d’amitiés ou d’amours vacillants. Si seulement vous saviez à quel point tout cela avait de l’importance pour moi. Parce qu’outre le simple geste de raconter une histoire, c’était toute la confiance et la considération que vous aviez pour moi que vous me montriez, moi qui n’étais qu’une étrangère quelque temps seulement avant.
Aujourd’hui, tout cela n’est plus. La vie nous a menés sur des chemins différents. Aujourd’hui, en tant que maman, je peux vraiment peser l’importance que vous avez eue dans ma vie. Et je ne peux que vous remercier, vous, qui m’avez préparée à endosser le rôle le plus important de ma vie.
Je me demande parfois comment vous allez. Ce que vous faites. Si vous êtes bien et heureux. Et de ce que je connais de vous, j’en suis convaincue. Mais toujours, j’ai le poids d’un regret qui me reste. Celui de ne plus faire partie de vos vies. Les circonstances, hors de votre contrôle, nous ont éloignés. Et, même si j’aimerais vous revoir, je ne m’y sens pas le droit. C’est triste, mais c’est souvent ce qui se passe lors des séparations. Malgré le fait que j’ai partagé votre vie durant plusieurs années, aujourd’hui, je ne suis plus qu’une inconnue. Je n’étais que votre belle-mère. Mais pour moi, vous resterez à jamais mes premiers enfants.
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