Tu n’es pas du genre à te sentir rayonnante et épanouie, enceinte.
D’abord, il y a le premier trimestre et son lot de symptômes pénibles. Les coups de barre monumentaux te donnant l’impression d’être passée sous un train en plein après-midi. Tes seins qui te lancent à chaque marche quand tu descends l’escalier. Les nausées, matinales si t’as de la chance, ou qui s’installeront du matin au soir et qui te donneront envie d’aller dormir juste pour ne plus ressentir cette impression d’avoir l’estomac prêt à se retourner en permanence. Et puis tous ces moments où tu vas devoir prendre sur toi et « faire comme si de rien », pour pas que ça se sache, parce que tu réalises trop bien la fragilité de ton état et de cette petite chose qui grandit en toi, et que t’as besoin d’une première visite chez le médecin pour faire ton annonce officielle.
Viendront ensuite peut-être quelques brèves semaines d’accalmie qui seront passées avant que tu t’en sois rendu compte. Tu vas te retrouver bien vite, et sans avoir trop compris comment, à devoir affronter les dernières semaines de ta grossesse. Jour après jour, tu vas approcher de la grâce, de l’élégance, de l’adresse et du dynamisme d’une femelle pachyderme obèse.
Tu vas peut-être bien goûter aux joies de la rétention d’eau, des varices, des remontées gastriques, des crampes, des douleurs ligamentaires, du nerf sciatique coincé, du prurit de grossesse. Sortir de ton lit, mettre tes chaussures, t’épiler le maillot et te couper les ongles des pieds deviendront des actes qui relèveront de l’exploit.
La nature a ceci de bien fait qu’au-delà d’un certain stade, on ne rêve que de passer par la torture de l’accouchement (ou de la bien nommée délivrance) pour enfin mettre un terme au troisième trimestre et à son lot de désagréments. Mais prends garde, mon amie, surtout ne te plains pas en public et continue d’adopter le sourire affable de la femme enceinte laissant éclater son bonheur au grand jour. Car si tu oses chialer, sache qu’il y aura toujours quelque mégère dans le coin pour te rappeler que tu ferais mieux d’en profiter de te reposer, car après, ce sera PIRE, ou pour te conseiller de vivre à fond ces instants MAGIQUES, qui passent si vite et que tu ne connaîtras peut-être plus jamais.
Mais toi tu le sais, que ce sera pas si pire que ça de te réapproprier ton corps qui reprendra prochainement des dimensions normales. Que ce sera pas si pire que ça non plus, de troquer tes nuits de non-sommeil, entre deux sambas de ton squatteur d’utérus, contre des nuits de sommeil profond, bien que fractionné.
Ça y est, le compte à rebours a commencé, la baleine. T’as remarqué ? Au-delà d’un certain stade, tu ne comptes plus en termes de semaines accomplies, mais en nombre de semaines qu’il te reste avant le grand jour. Tiens bon ma belle, t’es presque au bout.
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