« Vivre et laisser vivre ». « Qui est-on pour juger ? » « Pourquoi vous jugez sans connaître la situation dans son ensemble ? »
Ah, que de belles paroles. On les lit à toutes les sauces, en commentaires sous à peu près tous les articles de blogues dédiés à la maternité. Pourtant, en lisant les commentaires, c’est drôle, je ne ressens pas du tout l’essence de ces mots. Je lis du jugement à tour de bras, du mépris, de la condescendance et même des insultes.
Les filles, et si on se disait les vraies affaires ?
Tout le monde juge. Sans exception. Prétendre le contraire, c’est être hypocrite. Nous les mères, nous sommes les reines du jugement. On dissèque, on analyse chaque commentaire, chaque article, chaque mot qui passent sur notre fil d’actualité et parfois on se permet de commenter, d’y aller avec quelques mots bien sentis pour faire valoir notre point de vue. Parfois on se contente d’y penser et de se comparer, en se disant d’un air satisfait : « Oui, je suis bien contente de ne pas être comme elle. » Quand l’opinion ou les actions de l’autre nous heurtent dans nos valeurs les plus profondes, c’est très difficile de ne pas juger.
J’ai eu envie de vous dévoiler quels types de comportements j’aurais tendance à vouloir juger au premier regard, mais je ne le fais pas, car je ne connais pas toutes les pièces du puzzle impliquées dans la vie de ces personnes.
La maman qui fume
Ma première pensée : je trouve son comportement inacceptable. La santé de son enfant devrait passer avant son habitude désastreuse à tout point de vue.
Après réflexion : peut-être que cette maman est une ancienne toxicomane qui vient de passer au travers d’une cure de désintoxication et qui se bat pour ne pas retomber dans la dépendance en fumant. Ou peut-être qu’elle est une personne anxieuse et que la cigarette est son seul moyen de détente. C’est peut-être plus fort qu’elle, elle n’arrive pas à arrêter malgré tous ses efforts.
La maman qui envoie son enfant à la garderie à un très jeune âge
Ma première pensée : ça me fend le cœur de voir un bébé de quelques mois à peine à la garderie. Cet enfant-là a tellement besoin de sa maman !
Après réflexion : peut-être que cette maman est en dépression post-partum et qu’elle a besoin de souffler quelques heures par semaine. Peut-être qu’elle a un emploi précaire et qu’elle n’a absolument pas le choix de retourner travailler rapidement.
La maman qui oublie son enfant dans sa voiture
Ma première pensée : je suis absolument incapable de comprendre comment ça peut se produire.
Après réflexion : peut-être qu’elle est en manque de sommeil chronique et que ça commence à influencer ses capacités cognitives. Peut-être qu’elle souffre d’une maladie mentale. Ou qu’elle a simplement vécu un moment d’égarement.
Voilà. Un dernier mot à propos d’une catégorie de mamans qui se font ramasser d’aplomb à certains moments : celles qui osent dire haut et fort que la maternité ne correspond pas du tout à ce qu’elles avaient espéré, qu’elles trouvent ça très difficile par moments, qu’elles regrettent parfois leur vie d’avant. Car oui, c’est encore tabou en 2017 de dire ces choses-là.
Traitez-moi de cynique si vous voulez, mais je ne rêve même pas d’un monde où les mères s’entraideront les unes les autres. Je sais bien que c’est impossible, car l’humain est ainsi fait : nous jugeons nos semblables. Mais de grâce les filles, est-ce qu’on pourrait au moins s’abstenir de le faire à voix haute lorsqu’on ne connaît rien de la vie de la personne concernée ?
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