Tu l’avais visualisé, ton accouchement. Ça commencerait par des contractions légères chez toi. Tu irais prendre un bain afin d’être certaine que ce soit ton vrai travail qui commence et non un faux départ de ton corps. Lorsque tes contractions seraient aux cinq minutes pendant une heure (pour ma part, on m’avait dit qu’il fallait que j’attende deux heures aux cinq minutes avant de me rendre… ben oui check-moi ben te dire que ça fait deux heures), tu te rendrais à l’hôpital avec ton conjoint. Tu te voyais déjà en train de faire du ballon en demandant au futur papa de te faire le fameux »point de pression dans le bas du dos » pendant tes contractions. Puis, tu irais prendre un bain pendant que ton chum te flatte les cheveux en te disant que tu es la meilleure. Qu’après un certain temps, lorsque la douleur serait trop forte, tu demanderais la péridurale et qu’elle arriverait, pouf, comme ça, comme par magie. Que la douleur s’en irait au loin pendant que tu pousserais comme tu ne l’as jamais fait. Que ton petit bout de bonheur sortirait et qu’il irait se blottir dans tes bras. #Lâchelescontesdeprincesses
Mais on parle jamais des accouchements provoqués. Que lorsque tu arrives pour un simple check de routine, on te dit que tu as perdu du liquide amniotique et qu’on te garde à l’hôpital. Fille, c’est aujourd’hui que ça se passe. Méchante claque sur la gueule. Woh minute, c’est pas comme ça que j’avais prévu ça. »Prévu ». Oublie ça, tu ne peux rien prévoir. Ton fantasme d’accouchement parfait va rester dans ta tête et la réalité va être tout autre. On va te brancher sur l’ocytocine (t’sais, un super-médicament qui te donne de fausses contractions pas mal plus fortes que les vraies dans le but de déclencher éventuellement le travail). Tu vas être cloîtrée dans ton lit, sans pouvoir bouger, avec un soluté dans le bras et deux moniteurs. Oublie-le ton ballon et ton bain. Tu vas devoir vivre le début de ton accouchement seule parce que tu pensais pas accoucher ici aujourd’hui. T’as pas de linge confo, donc tu mets la super-jaquette d’hôpital (qui n’est pas plus adaptée aux femmes enceintes by the way, donc coucou les foufounes) et tu attends. Tu es dilatée à 3. On augmente le médicament de torture aux trente minutes. Tu es rendue avec des fausses contractions aux deux minutes qui durent une minute quinze et tu as (le super) effet secondaire qui te donne des contractions entre tes contractions. Adieu les breaks. Après six heures de temps, tu es juste à 3+ et on te dit que ton vrai travail n’a pas (encore!) commencé.
Et puis là, tu n’en peux plus, tu demandes la péridurale. »Il sera là dans environ dix-quinze minutes » Ok, quinze minutes divisées par deux minutes, je devrais avoir encore moins d’une dizaine de contractions et je vais être soulagée. Attends, attends, n’arrive pas. »Désolé, il y a une urgence, on ne sait pas quand il va pouvoir être là » Quoiiiii! Et la cerise sur le sundae, POUF, tu crèves tes eaux. Avis à toutes, si tu crois que tu avais mal avant d’avoir perdu tes eaux, watch out après. Et là, tu as mal, tu cries à ton chum de peser plus fort entre ton pouce et l’index (un autre super-point de pression appris au cours prénatal) Pauvre gars, y pèse à deux mains et y semble plus savoir quoi faire. D’un coup, tu veux pousser, mais t’es juste à un petit 4. Tu te contractes le plus possible pour pas pousser. Tu vomis. Et finalement, quand on te dit que tu peux pousser, tassez-vous de là, pu l’temps d’niaiser. Tu entends au loin la docteure demander pourquoi les infirmières n’ont pas retiré l’ocytocine lorsque le vrai travail a commencé, que t’avais tes vraies contractions en plus du médicament. Fuck off, tu m’as dit que je pouvais pousser, watch out.
Et tout à coup, tu le vois, ce petit être vivant qui t’a donné tant de montagnes russes d’émotions dans les derniers mois. Tu as sûrement déjà entendu des mamans de tous âges dire : »Tu vas voir, on oublie » Hé ben fille, c’est vrai. Et beaucoup plus vite que tu le crois. Malgré la douleur et les complications, la seule chose que tu vas réellement te rappeler, c’est ce sentiment de bonheur, cette vague qui t’a envahie quand tu as vu ce petit être. Et tu comprends finalement ta chum qui te disait qu’elle voudrait revivre ce moment encore et encore. Que tu sois provoquée ou pas, péridurale ou pas, césarienne ou naturel, toutes les mamans vont s’entendre pour dire que c’est là que tu comprends enfin le sens profond du mot Amour.
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