Il y a ces jours où tu te lèves du mauvais pied comme ça, sans raison. Ça arrive ma puce. Dans ces moments, tu collabores moins, tu cherches à attirer l’attention, tu me provoques. Tu es une enfant ma chérie, c’est normal. Je te fais alors un gros câlin, je t’impose des limites, je t’aide à mettre des mots sur tes émotions d’enfant, ça t’apaise.
Il y a aussi ces jours, belle amour, où c’est maman qui serait restée au lit. Parce que ta petite sœur m’a tirée de mon sommeil plus d’une fois durant la nuit ou juste parce que papa a oublié de ranger le bac de recyclage et que, va savoir pourquoi, ça me fout particulièrement en rogne. Je suis alors moins patiente avec toi, même si je fais de gros efforts. Je suis humaine, c’est comme ça. Et toi tu me dis, du haut de tes presque trois ans : « veux-tu un câlin, maman? ». Cela me ramène à l’ordre. Mon cœur se gonfle, tu m’imites : tu es si petite, mais si grande à la fois!
Il y a malencontreusement ces jours où on se lève toutes les deux du mauvais pied. Tu veux de l’attention, me provoques et je ne parviens pas à te recadrer et à te contenir, parce que je suis plus fatiguée, stressée. Ça arrive, c’est la vie. Ces matins sont ardus pour toutes les deux.
Ce matin était l’un d’eux. J’ai perdu patience, j’ai haussé le ton. Ce matin, je ne sais plus pour quelle raison, tu t’es mise à me marteler des pieds comme si le diable s’était emparé de ton petit corps. Puis à mon intervention, tu as haussé d’un cran, tu as voulu me mordre. Dans mon élan pour te repousser, pour éviter que tu enfonces tes dents dans ma chair ou qu’il te passe par la tête de t’en prendre au bébé encore dans mes bras, c’est arrivé. Ce n’était pas intentionnel, pas ce que je voulais quand j’ai initié mon geste. C’est allé si vite. Je t’ai repoussée pour t’éloigner, mais je t’ai bousculée et tu as perdu pied. Par ma faute, tu es tombée.
Ma chérie, je crois que ça nous a saisi toutes les deux. Le geste ne t’a au final pas blessée, si ce n’est à ton orgueil, mais il t’a assurément secouée. Je ne sais pas à laquelle de nous deux ça a fait plus mal, mais je suis prête à parier que c’est moi qui en souffre le plus aujourd’hui. Sache que je ne suis pas fière. Sache que je ferai tout pour éviter que ça se reproduise. C’est un geste répréhensible, je te le concède en toute humilité. Je te prie de me pardonner.
Certes, tu as un fort caractère, mais tu es une enfant adorable qui pose rarement de tels gestes. Pour ma part, je suis d’ordinaire une maman capable de se contenir (et de te contenir!) malgré les émotions, mais j’ai mes lacunes. Aujourd’hui, j’ai failli, même si le geste n’était pas intentionnel. Je ne sais pas quelle mouche nous a piquées pour que nous sortions chacune de nos gonds.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, je me sens terriblement coupable, même si, lorsque je te récupérerai à la garderie, tu me serreras dans tes bras comme d’habitude, comme si de rien n’était. Je te rendrai alors la pareille.
Il y a ces jours qu’on voudrait tout simplement effacer.
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