Petit bébé,
Pardon de t’avoir permis de nous choisir comme parents sans donner suite à ton désir, ton droit de vivre. Il y a des moments où même avec un coeur grand comme le nôtre, il n’y a juste pas assez de place pour un autre tout petit. Il y a des choix déchirants, bouleversants dont on ne se remet jamais. Je te demande pardon, alors que je sais que notre choix est impardonnable.
Tu sais, ce n’est pas si grave d’être de trop, sauf au mauvais moment. Et à la grande loterie de la vie, tu as tiré ton numéro dans un moment impossible. Un moment où même tout l’amour d’une maman ne peut arriver à convaincre des amoureux que ça va aller. Ça ne pouvait pas aller, ni pour toi, ni pour nous. Donc, à contrecœur, nous avons commis l’irréparable. Nos larmes ont coulé et nos cœurs blessés en ont d’ailleurs payé le prix. Ils se sont cicatrisés, oui. Mais toute cicatrice laisse un vague souvenir d’une blessure. Avec le temps cette vieille cicatrice aura eu raison de ton papa et moi. Tu sais, on dira ce qu’on voudra, les grandes personnes sont comme ça, elles font des choix qui les brisent parfois. Ton départ en aura été un.
Pardon de ne pas t’avoir laissé ta chance de nous convaincre. Toi, si minuscule, que pouvais-tu contre notre raison qui nous disait « non ». Ce n’est pas contre toi tu sais. Je suis certaine que tu étais parfait. En garçon ou en fille, tu aurais fait notre grande fierté… à un autre moment. Plus tard dans le temps. Tu sais, je n’ai jamais douté de toi, c’est de nous, les grands, avec nos problèmes, nos vies sens dessus dessous, nos responsabilités, notre irresponsabilité, dont je doutais. Tu n’avais pas à en payer le prix, je le sais. Je le sais mon bébé, ne nous en veux pas. Ma conscience s’en occupe déjà.
Tu sais, peu importe ce à quoi je crois ou ne crois pas, je chéris au plus profond de moi qu’il y ait une seconde chance pour les petits minis comme toi. Une autre chance de trouver une vraie famille. De la choisir, d’y être accepté et aimé comme le mérite un bébé, un enfant. Comme tu le mérites. C’est égoïste, tu me diras, tu as raison. Mais cet espoir m’aide à ne pas penser à ce que tu serais devenu, si aujourd’hui serait ton anniversaire, quel âge tu aurais, ce qu’aurait été notre vie avec toi pour l’embellir.
Comprends-moi de ne pas vouloir penser à toi à tous les instants, dans la vie de tous les jours. Ne m’en veux pas, parce qu’ainsi j’arrive à mieux me concentrer sur les autres minis qui ont aussi, en des moments favorables, gagné à la grande loterie de la vie avec moi et que j’aime tout autant que je t’aime, toi, mon bébé.
Je sais, ça n’excuse rien… mais ça soulage tellement d’être enfin capable de te le dire. Maman doit se pardonner pour continuer, pour se permettre d’en grandir. Car, quoi qu’on en pense, il faut avancer.
Je t’aimerai toujours mon bébé qui n’est jamais né.
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