Fiston,
Tu sais, je t’aime plus que tout au monde. Tu es la plus belle chose qui m’est arrivée dans ma vie et je ferais tout pour toi. Mais ce matin, j’ai crié après toi, encore. Et, pour cela, je m’excuse mon fils.
J’essaie de garder le contrôle, de faire tout comme il se doit. Je m’occupe de bien organiser la maison, de faire l’épicerie et les repas, le lavage, de payer les factures, de veiller à ce que tout le monde ait ce dont il a besoin. Je m’assure que tu as suffisamment de vêtements, que tu auras un habit de neige et des bottes pour cet hiver. Que tu t’épanouis, que tu te développes bien. Je veux que tu manges de bons aliments, et de manière variée. Je veux que tu vives toutes sortes d’expériences, que tu fasses des activités et que tu aies des amis. Je veux que tu aies le meilleur environnement de vie possible, mais tu sais, des fois, maman est à bout.
Maman est à bout parce que ça fait une semaine que ta sœur se réveille plusieurs fois par nuit et que je ne suis pas capable de recharger mes batteries. Batteries qui, en passant, sont pas mal à low bat depuis l’arrivée de ta petite sœur.
Je suis à bout de passer mon temps à ramasser vos affaires, à toi, papa et ta sœur. J’en ai marre de ne pas pouvoir avoir ma vie sociale d’avant, et de me limiter à une sortie de temps en temps, parce que je suis juste trop fatiguée la majorité du temps pour sortir de la maison.
Je rêve du moment où je pourrais manger mon repas d’un bout à l’autre, sans me lever, et encore chaud. J’ai envie de penser à moi, juste pour un instant et retrouver la femme que j’étais. De passer du temps avec ton papa et de retrouver mon amoureux et notre couple.
Tout ça, tu ne t’en rends pas compte, tu es bien trop petit. Et maman le cache, du mieux qu’elle le peut. Mais ce matin, comme d’autres matins, j’ai craqué. Les multiples couches sous lesquelles je m’efforce d’ensevelir mon ras-le-bol ont cédé. Je t’ai crié dessus. Et je n’aurais pas dû. À l’instant où j’ai eu fini, j’ai regretté. Comme toujours. J’ai regretté d’avoir perdu mon sang-froid, parce que tu m’as demandé ton assiette jaune et non la bleue. Parce que ce matin, tu ne voulais pas que je coupe ta toast comme d’habitude. Parce que tu chignais vu que ta sœur criait pis c’était la cacophonie dans la maison. Parce que, tout ce que tu voulais, c’était mon attention. Tu voulais que je m’occupe de toi. Pis là, je me sens coupable, affreusement coupable. Coupable, parce que ça ne sert à rien de crier pis que tu ne mérites pas ça. Je me sens coupable comme si j’étais la pire des mères et que je faisais tout de travers.
Et là, je m’excuse, je vais te voir et je m’excuse pour mon impatience. Je m’excuse d’avoir craqué. Tu me regardes, et tu as à l’air de comprendre ce que je suis en train de te dire et du haut de tes trois ans, tu me pardonnes. Tu continues de faire ton casse-tête comme si de rien n’était parce que tu sais que je t’aime. Et je me dis que tu es tellement un beau petit être humain, que tu seras sans doute une bien meilleure personne que moi, et tu me rends fière. Alors je refoule encore le tout sous ma carapace et j’espère que ça tiendra. Jusqu’à la prochaine fois.
Ah Vanessa!
Comme on s’identifie à cette situation. Seulement une semaine que coco est partis nous, et la fatigue +++, et je culpabilise quand je me choque contre la grande pour des choses insignifiantes.
Merci de nous aider à se rendre compte que ce n’est pas que chez-nous que ça arrive.