mother hug baby blue eyes

Lettre à mon petit bébé sans papa

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Mon bel amour,

Je ne sais pas comment te dire tout ce que j’ai à te dire. Comment t’expliquer la situation. C’est une situation de grands, qui est déjà compliquée à expliquer et à comprendre pour nous. Et toi, tu es si petit.

Je sais qu’un jour viendra où tu voudras savoir. Tu poseras des questions sur ton père. Tu te questionneras sur qui il était. Mais surtout sur son absence.

Je redoute cet instant. Tellement. Je me suis toujours juré que je ne te mentirais pas. Mais je peux toutefois t’en adoucir le récit. Parce que ce n’est pas une histoire pour les enfants. Bien que tu sois en droit de savoir la vérité, il ne t’est pas nécessaire de tout savoir. Je ne souhaite que ton bonheur et le mieux pour toi. Et tout savoir, c’est très loin de ça.

Je n’ai pas à te dire que ton papa nous a abandonnés alors que maman était enceinte de toi. Qu’il est parti juste après le moment où je ne pouvais plus reculer. Où il était trop tard pour que je puisse faire un choix. Où il me fallait poursuivre mon aventure avec toi, toute seule, jusqu’au bout et voir où tout cela allait nous mener. Ni que depuis, il n’a jamais cherché à reprendre contact, ni même à te voir. Je n’ai plus jamais entendu parler de lui. Et, bien que ce soit un peu triste, je ne crois pas qu’il le fera jamais non plus.

Je n’ai pas à te dire que ton papa, ton géniteur, n’a pas voulu de toi parce que moi, je n’ai pas souhaité continuer ma relation avec lui. Qu’il a préféré mettre une croix sur toi, son fils, plutôt que de vivre une garde partagée. Qu’il s’est servi de toi pour tenter de me retenir à ses côtés, mais que visiblement, il a échoué. Et que, par orgueil, il a préféré renoncer à toi, plutôt que d’avoir à être confronté au fait que pour la première fois, je lui avais tenu tête et que je n’avais pas cédé à ses demandes insensées et à sa manipulation. Et tout ça, mon bel amour, c’est toi qui m’en as donné la force. La force de me battre enfin pour moi, mais surtout pour toi.

Je n’ai pas à te raconter comment le début de ma grossesse a été remplie de peur, d’angoisse et de questionnements. De culpabilité surtout, parce que je ne savais pas si j’allais te garder avec moi. L’angoisse de vivre dans la peur constante de l’abandon de la part de quelqu’un qui m’en menaçait constamment. D’une immensité de peine et de confusion parce que je te désirais plus que tout, mais je ne voulais pas que les choses se passent de cette façon.

Je n’ai pas à te décrire la façon ignoble dont ton papa traitait ta maman. Ça, je préfère l’oublier.

Mais surtout, je ne peux pas t’exprimer à quel point je me sens soulagée qu’il ne fasse plus partie de ma vie. Ni de la tienne. Parce que ça ne se s’avoue pas tout haut. Mais je sais qu’avec lui à nos côtés, tu n’aurais pas été le petit bébé heureux, calme, confiant et joyeux que tu es. Ton monde aurait probablement été constitué de tensions, d’angoisse, de peine et de peur. Et non de calme, d’amour et de joie comme c’est le cas actuellement. Non, ça je ne pourrai jamais te l’avouer.

Mais je peux te dire à quel point je t’ai aimé dès la première seconde où j’ai su pour ta présence dans mon ventre.

Je peux de dire à quel point tu étais attendu, désiré et rêvé, et ce, depuis des années.

Je peux te dire à quel point ta venue a changé ma vie. Comment, par toi, j’ai repris confiance en moi. Et j’ai commencé à prendre soin de moi. Parce que de cette façon, je prenais soin de toi.

Je peux te dire que tu as une maman qui t’aime de tout son cœur. Et qui fait de son mieux jour après jour pour remplir au mieux son rôle de parent.

Je peux aussi te garantir que tu es entouré d’amour. Tu as une famille de sang et de cœur qui t’aime de toute son âme et qui sera toujours là pour toi, peu importe les épreuves que la vie t’apportera.

Mon petit bébé sans papa, je sais qu’un jour viendra où je devrai faire face à tes questions. Je ne sais pas encore de quelle façon j’y répondrai. J’ai encore le temps d’y penser. Tu es si petit. Mais depuis le jour 1 de notre aventure, j’ai conscience que je dois m’y préparer. Peut-être le ferai-je sous la forme d’un conte. D’une histoire. Pour alléger le côté tragique de tout ça.

Un jour, quand tu seras en âge de mieux comprendre, peut-être te remettrai-je cette lettre. Peut-être pas non plus. Parce qu’il y a des choses qu’un enfant ne devrait jamais savoir sur ses parents.

Mais sache que moi, je serai toujours présente pour toi. Que je t’ai toujours aimé et que je t’aimerai toute ma vie, pour deux.

Crédit : Juan Aunion/Shutterstock.com

Mom Solo

Nouvellement maman d'un petit amour, je découvre jour après jour les joies et les déboires de la maternité. Monoparentale depuis le début de ma grossesse, j'ai depuis rencontré un homme merveilleux avec qui je pratique fort (!) pour faire un petit frère ou une petite sœur à mon coco. Travaillant dans le domaine des communications et de la gestion depuis plus de dix ans, j'écris à temps perdu depuis mon adolescence. Mon congé de maternité a eu l'immense avantage de me faire redécouvrir ma passion pour l'écriture, et me faire perdre celle pour l'ordre, le travail et le ménage. J'ai depuis troqué ma sacoche Micheal Kors pour un sac à couche, mon parfum pour une odeur de petit-lait, mon brushing pour une toque, mes talons hauts pour des espadrilles, mais rien de tout ça ne me ferait retourner en arrière.

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1 Comment

  • Magnifiquement écrit que j’en ai les larmes aux yeux. Et comme je vous comprend, dans ces lignes je me suis reconnue. Comme vous ma fille est sans père, abandonner par son orgueille. Nos p’tit lou ne méritais pas ça. Mais parfois vaut mieux souffrir seule un bon coup, que vivre dans un mensonge sans fin.
    Je vous souhaite à vous et votre fils une belle aventure qui ne fait que commencer.

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