Ma chère collègue de bureau sans enfant,
En ce lundi matin, on se croise près de l’imprimante, yeux cernés, gallon de café fumant à la main. On se comprend bien toi pis moi. On se sent comme un lundi. Comme un lundi où on aurait dormi beaucoup plus tard, comme un lundi où on aurait bien aimé avoir une troisième journée de congé, question de se remettre d’aplomb de notre fin de semaine. On se raconte en bref notre week-end trop court. Le tien a été bien différent du mien. Moi je te dis que j’ai « rien » fait, mais le mot « rien » peut cacher plusieurs définitions. C’est probablement pour ça que tu me demandes pourquoi j’ai l’air aussi brûlé.
Vendredi à 16h00, c’est la frénésie au bureau. Tu t’en vas chez toi te préparer pour un souper en tête-à-tête avec ton amoureux. Moi, je vais chercher les enfants à la garderie et je reste prise dans le trafic du centre-ville comme tous les autres jours de la semaine à la même heure. J’arrive à la maison une heure plus tard, alors que j’habite à huit minutes du bureau top chrono. Même si c’est vendredi, les petits n’ont pas moins faim que les autres jours et ce n’est pas parce que c’est la fin de semaine qu’on peut se permettre un souper en tête-à-tête avec une petite musique d’ambiance moi pis mon chum.
Plus tard en soirée, on écoute un film en famille (en fait, les enfants l’écoutent tandis que moi pis mon chum, on regarde les images, le cerveau à off). Un peu plus wild qu’un mardi soir, on couche la marmaille un peu plus tard qu’à l’habitude même si cela ne change A-B-S-O-L-U-M-E-N-T rien à l’heure à laquelle ils vont se lever le lendemain matin.
Une fois les enfants au lit, on termine notre deuxième coupe de vin à moitié endormis sur le sofa pendant que le film d’animation des enfants joue toujours à la télé sans même qu’on s’en rende compte. Puis, quand tu commandes finalement ton apéro, nous on s’en va se coucher.
Samedi matin, alors qu’il fait encore noir dehors et que tu dors encore à poings fermés, ici, tout le monde est debout et on se prépare pour les cours de danse, gym, soccer et/ou autre(s).
Après, on court à l’épicerie et au Costco où y’a tout le temps beaucoup trop de monde, on fait les commissions qu’on n’a pas le temps de faire la semaine et on retourne à la maison pour le dodo d’après-midi du plus jeune, au même moment où toi, tu te réveilles tranquillement.
En soirée, parfois, on a un souper chez des amis avec plein d’enfants qui courent dans le salon. Tout le monde se parle, mais personne ne s’écoute vraiment parce qu‘on est trop préoccupés à surveiller nos enfants, et habituellement ça se termine autour de 21h00 car on est tous brûlés pas mal égal. Toi à 21h00, tu commences à te coiffer et te maquiller pour ta soirée avec tes amies, un resto pub super branché, mais donc j’ignore complètement l’existence.
Dimanche matin, alors que tu rentres chez toi avec un taux d’alcoolémie beaucoup trop élevé dans le sang, ici, on se fait un gros déjeuner à la maison avec des crêpes et Pat’Patrouille en background. Puis, on fait le lavage et le ménage qui ne finissent plus de finir et on prépare quelques repas pour être un peu moins stressés un ou deux soirs la semaine prochaine. Finalement, on va visiter grand-maman et grand-papa en fin d’après-midi. Pendant que toi, tu passes ton dimanche à écouter des films en rafale, bien emmitouflée dans ta doudou sur ton divan.
Alors en bref, c’est pour ça, ma belle collègue, que le lundi matin, on dirait que j’ai mangé un coup de pelle dans la face pis que mes cheveux sont un peu en broussarde. Mais c’est bien loin d’être un concours et sache que j’aime que tu me racontes tes week-ends; tes anecdotes me font sortir de mon quotidien et me rappellent de bons souvenirs même si malgré sa folie, j’apprécie tous les petits moments de ma vie de maman.
Sur ce, bonne semaine. J’ai déjà hâte à vendredi.
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