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Cher violeur,
Il y a longtemps qu’on ne s’est pas parlé. Le temps a couru et les années se sont brûlées. On ne s’est jamais revus et je ne sais pas ce que tu es devenu. Pourtant, tu existes encore en moi. Involontairement. Tu es une partie de qui je suis et je serai toujours une partie de toi. Deux étrangers dont l’existence est tragiquement liée. Il m’arrive de penser à toi… Moins souvent maintenant, beaucoup plus avant.
Tu sais, j’ai gaspillé beaucoup de mon temps à me demander pourquoi cela est arrivé. J’ai réécrit l’histoire des milliers de fois, cherchant maladivement mes failles et tentant humainement de comprendre les tiennes. J’ai rêvé de me venger, fantasmé de ta souffrance et tyrannisé ton existence dans mes incalculables nuits blanches. J’ai hurlé en silence et pleuré sans pouvoir faire couler mes larmes à satisfaction.
Tu as déversé une partie de ta noirceur en moi et volé une partie de mon être. Tu m’as brisée en plus de morceaux que je ne serai jamais capable d’assembler et marquée plus intensément encore que tout ce que j’aurais pu imaginer. Je me suis sentie vide, complètement creuse et dépossédée.
J’ai encore mal parfois et je continue de remplir ce trou avec tout ce que je peux. J’ai peur du silence, je l’occupe constamment. Je me méfie des gens, je les laisse rarement m’approcher et encore plus difficilement m’aimer. J’ai du mal à dormir et tu contrôles encore mes rêves par moments. Je ne possède plus ma sexualité depuis longtemps, elle ne ressemblera jamais à ce que j’aimerais.
Tu sais, je ne saurai jamais qui j’aurais pu être si on ne s’était jamais rencontrés. Tristement, mais heureusement, je suis devenue qui je suis. Tourmentée, anxieuse et complètement méfiante, mais tellement plus courageuse, puissante et empathique. Je n’effacerai rien, ni ce que tu m’as fait subir ni ce que j’ai dû affronter pour m’en relever. Je suis heureuse et fière de qui je suis devenue.
J’espère que le temps a fait son œuvre et que tu as compris. J’espère que tu as avancé et trouvé la lumière quelque part en toi. Je suis persuadée qu’elle existe. J’espère que ton mal de vivre a cessé de te dicter ta conduite et qu’on t’a aidé à te guérir.
Tu sais, j’aimerais qu’on puisse se croiser dans une autre vie, ailleurs qu’ici. J’aimerais qu’on puisse se parler humainement et peut-être enfin régler ce qui nous unit.
Bonne chance mon violeur.
Avec empathie, ta victime survivante.
Oufff plein de courage dans se texte et tellement vrai en même temps
Non à l’empathie et le pardon pour le viol. Le peuple peut être mais la victime, pas besoin. Y’a des choses qui ne se pardonne pas. Voyons donc que ça fait de toi une personne plus forte. Il ne faut pas chercher un sens à l’absurde.
Je suis personnellement d’avis que toutes les épreuves que nous traversons font de nous quelqu’un de plus fort. Sommes-nous obligés d’avoir à les traverser ? Non. Mais une fois que c’est fait, que nous le devons, pourquoi ne pourrions-nous pas en sortir plus fort comme pour toutes les autres épreuves de la vie ?
Je ne peux pas lui souhaiter bonne chance ! Mais en grosse partie d’accord avec le texte ou je me retrouve completement. Personnellement je ne pense que de telles personnes peuvent avoir un bon coté. Ils detruisent des vie, des femmes de l’interieur. Une douleur qui ne s’oublie pas
Plusieurs années après le viol, mon agresseur a sauvé une jeune femme d’un viol collectif. Non seulement, je n’ai su parler de cette agression à mes parents et j’ai donc vécu cela dans une extrême solitude. Quand j’ai appris qu’il avait sauvé cette jeune femme, est-ce par honnêteté intellectuelle, j’ai pensé que cet homme ne se limitait pas au mal qu’il m’avait fait. Etait-ce bon pour moi ? J’ai parfois l’impression que cela a renforcé la confusion en moi. Je suis devenue incapable de distinguer la personne bienveillante de celle qu’il vaudrait mieux fuir.
Pourquoi ai-je rencontré cette jeune femme ? Hasard ?
Je partage totalement ce que vous écrivez. J’ai aussi parfois envie d’exprimer à mon agresseur ce que ressent et lui dire combien je souffre encore mais il pourrait me détruire totalement en niant les faits ou en me traitant de folle. Mieux vaut peut-être attendre l’au-delà…
Saleté de vie !
Geneviève.
Avons nous le droit et comment fait-on pour publier ce genre de lettre dans un journal.merci