Mes enfants,
Vous dormez encore, chacun dans vos petits lits, je vous regarde tour à tour en me répétant invariablement que rien ne vous arrivera jamais comme pour m’en convaincre. Un mensonge évident que je tente de propager dans tout mon être. Ce soir j’ai pleuré parce que l’enfant d’un autre est mort. Les enfants ne devraient pas mourir. Les enfants doivent rire, crier, faire des bêtises et reconstruire le monde. Ils ne doivent pas mourir.
Mais la réalité est que des enfants meurent et ce malgré le non-sens et l’injustice qui nous frappent tous quand on entend une nouvelle comme celle-là.
L’enfant d’un autre est mort et je vous observe comme si vous couver de mon regard vorace vous protégerait une journée de plus. J’essaye de faire le plein, le plein de votre image, de votre odeur. Parce que ce soir je sais que je n’ai pas de contrôle sur tout, que le pire existe. Ma tête, mon cœur et tout ce que je suis refusent que cela vous arrive, mais ils ont peur. Peur de ne pas pouvoir vous protéger de tout.
Je ne dois pas vous étouffer, je dois vous rendre autonomes, indépendants et responsables, mais j’ai peur. Peur de faillir, peur de vous perdre.
La douleur des parents de cet enfant mort aujourd’hui, je ne peux pas l’imaginer et en toute sincérité, je ne le veux pas. Je vous embrasse tour à tour, vous caresse le visage, ma respiration se cale au rythme de la vôtre. Malgré le sommeil qui m’emportera sous peu, je réalise que j’aurai eu la chance de vivre une journée de plus dans votre lumière aujourd’hui. Ce soir, je me couche choyée, mais surtout consciente de l’être, consciente que tout peut être fragile, trop fragile. Consciente que je ne pourrai pas tout prévoir.
J’aurais beau tenter de me répéter que ça ne vous arrivera pas, outre vous rendre malheureux en vous enfermant dans une bulle, je ne peux vous protéger de tout. Et ça pour une mère, c’est un constat qui fait mal. Je ne suis pas assez forte pour protéger ce que j’ai de plus précieux. Personne ne le peut.
Je sais que je vais me plaindre encore de vos répétitifs « Maman! », du manque de sommeil et de toutes ces choses que je répète mille fois chaque jour. Mais je sais aussi que je suis privilégiée de ce même fait.
Ce soir, j’ai peu de certitudes outre celle que nous aurons un demain et il m’est évident plus que jamais qu’il s’agit d’un cadeau inestimable. Plus de temps. Plus de temps pour vous voir grandir, réaliser et accomplir vos rêves.
Mais surtout plus de temps pour vous aimer.
Tellement vrai, il faut profiter de chaque journée avec eux ont les aimes tellement c’est indescriptible.
Je cherchais sur la toile un article qui me permettrait de me sentir moins seule avec cette idée noire que je vais perdre un de mes enfants.
Je viens de lire ton article, j’ai eu l’impression que c’est moi qui l’avais écrit tellement les mots sont justes et m’ont touché, j’ai beaucoup pleuré. un jour, une amie a perdu son enfant, ça me rend tellement triste. je mesure le bonheur d’avoir les miens à la hauteur de l’angoisse que je ressens de les perdre. J’essaye chaque jour de me convaincre que tout ira bien, et le moment de dormir venant, c’est une autre histoire. mon cadet part quelques jours en sortie scolaire dans une semaine, je compte les jours de son retour avant même qu’il soit parti…
Merci pour cet article…
En ce moment, j’ai l’impression de voir la mort partout, tous ces enfants qui meurent de leucémie ou de tumeur cérébrale, et j’en viens à angoisser que cela finit par toucher ma famille… j’espere que ce n’est qu’une peur parmi d’autres car je n’aurais plus envie de vivre si je perdais mon enfant. Et c’est toujours au moment de dormir que ça vient…
Bref, aimons nos enfants et veillons sur eux comme nous le pouvons, chaque jour avec eux est un cadeau ❤️
Merci pour ce très beau texte.
Comme vous autres, des idées noires avant le coucher et me voilà ici …
Le fait de partager ce sentiment commun me rend moins triste.
Même si parfois ils me saoulent, j’ai hâte d’entendre leurs rires au reveil.
Profitons donc de cette chance et aimons les bien forts.
Magnifique… Merci madame.
Bonsoir,
Merci de me faire voir que je ne suis pas seule dans ce cas.
J’ai souvent le soir. Une angoisse forte concernant mon fils, toujours cette peur d’une maladie grave et de le perdre. Pourquoi ? Pourquoi avec lui et non pas avec son aînée ?
Du coup, ça accentue mon angoisse.
Je mourrais s’il arrivé qqchose à l’un de mes bébés ❤️. On est apparemment plusieurs à ressentir ça… Peur que le toit leur tombe sur la tête… Peur que la vie et que ce monde nous les enlèves ou leur fasse mal. Que Dieu me les laisse jusqu’à mon dernier souffle ❤️
Waouh je trouvais ce texte très beau … et je viens de voir que je l’avais déjà commenté il y a deux ans … décidément il suffit d’un fait divers sordide et j’essaie de me rassurer comme je peux … rien n’a donc changé en 2 ans …
Bonjour,
Ce message est poignant , j’en ai versé ma l’arme qui de nature , peine à tomber ….
Si, comme vous toutes et tous, j’ai été parachutée par la toile sur cet article c’est que ma recherche et mon tourment sont liés à ces questions qui nous traversent , nous les parents, nous les mères . Je me pause sans doute trop de questions . Elles sont égoïstes finalement car je suis terrorisée à l’idée que la vie m’oblige à vivre l’innommable , perdre mes enfants et de devoir continuer à avancer emputée de leur vie … D’ailleurs , je suis convaincue de ne pas y survivre … Mais ce qui m’amène ici est un peu différent outre le fait de vivre avec cette monstrueuse angoisse …
En effet, je suis plus angoissée encore de penser qu’elle est liée à mon 6eme sens… Un peu comme si mon instinct maternel me mettait en garde d’un drame qui surviendra dans ma vie… Je prie chaque jour pour que ces idées ne soient seulement liées au fait que j’aime mes enfants plus que tout au monde.
Merci de prendre un moment pour me donner vos ressentis …