Ton cerveau nouvellement, ou depuis un moment, devenu maternel et les hormones en ayant de ce fait bouffé au moins la moitié, il ne te reste que peu de place dans ta belle tête de maman qui court d’un bord pis de l’autre pour penser aux foutus soupers de semaine. Les soupers de semaine. T’es écoeurée de les planifier, de les préparer, voire même, de les manger. Ils sont drabes, sans intérêt, généralement préparés à la course entre deux leçons pis la crise de bacon du petit dernier, le tout ponctué de demandes en tout genre mettant leur réussite ainsi que leur appréciation en péril.
Il arrive régulièrement, en fin d’après-midi, que tu te rendes compte que tu as (oui, encore une fois) oublié de sortir quelque chose pour le repas à venir et que tu sais pertinemment que ta tribu se mourra de faim. Tu fouilles alors dans les maigres ressources intellectuelles dont tu disposes à cette heure de la journée (de fou) pour essayer de trouver une solution rapide qui oscille généralement entre ces diverses options, toutes plus alléchantes les unes que les autres : courir à l’épicerie ramasser un poulet cuit, un touski aussi connu sous le nom de ramassis de plein de restants pour en faire un délicieux repas que tes rejetons mangeront avec appétit et sans plaintes (not) ou un Kraft Dinner auquel tu ajouteras des brocolis afin de te donner bonne conscience.
Aucune de ces options ne te plaît vraiment et c’est souvent dans ces moments-là que tu te promets de te faire un bel après-midi popote pour congeler plein d’affaires d’avance pendant que tes enfants vont tranquillement jouer dans le salon sans se chicaner ou te demander quoi que ce soit. (…) Puis tu te réveilles et tu reviens à ta réalité du souper pas planifié et te disant que tu es peut-être un peu nostalgique du temps où, dans de telles situations, tu pouvais te contenter d’un bol de céréales devant la TV. Mais ça, c ‘était avant d’ajouter des héritiers à ta lignée…
Depuis que tu prépares les soupers de ta marmaille, tu as redoublé de compassion envers ta mère; tu le sais, maintenant, à quel point il peut être débilitant de se faire harceler par la même satanée question, chaque soir. « Qu’est-ce qu’on mange pour souper? ». Tu aurais souvent vraiment envie de leur répondre « de la maaaarde mes amours, de la maaarde! » mais, étant une bonne maman, tu te contentes de le penser et de plutôt leur dire que tu le sais pas trop encore puisqu’il n’est que 15h30, bébé Jésus!!!! Pis si ça adonne que tu sais déjà de quoi le sacro-saint souper sera fait, tu esquives le sujet parce qu’une fois sur deux, y’en a un de pas content du menu et qui se permet allègrement de chialer sur ce dernier et ça, tu trouves vraiment que c’est un irritant maternel incroyable en fin de journée, t’sais!
Mais lâche pas, il te reste plus ou moins dix-sept mille soupers à préparer avant que tes rejetons volent de leur propres ailes et explorent à leur tour le merveilleux monde culinaire des soupers de semaine.
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