Ma fille,
J’ai toujours pensé que tu étais faite pour l’école. Ouverte aux autres, curieuse et fonceuse, tu as toujours aimé apprendre, écrire et lire. En 2016, tu es entrée en maternelle comme un poisson dans l’eau et y as passé une magnifique année sans l’ombre d’une anicroche. Rien pour laisser présager la suite des choses. En septembre dernier, tu as débuté la première année, et tous ensemble, en famille, nous avons foncé dans un mur que personne n’avait vu arriver.
Du jour au lendemain, tu t’éteins. Tu souris moins, tu ne ris plus. Tu rechignes souvent au moment d’aller en classe. Tu n’as pas de nouveaux amis dans ta classe, tu continues de me parler de tes anciens camarades de la maternelle. Je me dis que l’année débute, tu as besoin de temps pour t’adapter. Mais ça va de pire en pire au fil des jours. On cherche la cause de tout ça, on élimine des hypothèses : personne ne t’embête à l’école ni dans le bus, tu as une enseignante douce et dynamique qui m’assure que tu fonctionnes bien en classe et que tu as même de la facilité dans les apprentissages. Elle dit que tu es tranquille et discrète, elle ne te connaît pas assez pour savoir que ça ne te ressemble pas! Qu’est-ce qui peut bien alors te chicoter à ce point?
Tout ce que je réussis à te faire dire, c’est que tu n’aimes plus l’école, que c’est trop de travail. Que tu t’ennuies de moi et que tu t’ennuies de jouer. Et me voilà démunie, forcée de t’envoyer chaque jour attendre l’autobus au bord de la rue, malgré ta binette tristounette et tes petites épaules affaissées. Ça me fait tant de peine.
Pour la première fois de ta (courte) vie, je suis obligée d’admettre que pour toi, ça ne va pas.
Mais on a fait ce qu’il fallait, ma cocotte. On a parlé avec des intervenants qui nous ont aidés à trouver des pistes de solution. On m’a dit que tu n’étais pas la seule, que chaque année il y avait quelques enfant comme toi, pour qui la marche entre la maternelle et la première année était plus dure à monter. Notre famille tout comme l’école, on s’est revirés sur un dix sous pour mettre en place un plan d’action qui t’aiderait à t’adapter à ta nouvelle réalité. Des choses biens simples, mais censées faire la différence.
Et ça marche! De jour en jour, je te vois revivre. Je retrouve ma petite fille rieuse, bavarde et pétillante. Tu apprivoises doucement cette nouvelle année scolaire, comme le Petit Prince l’a fait avec son renard. Tu as commencé à me parler d’une autre fillette de ta classe, avec laquelle tu joues à la récré. Elle t’a même invitée à sa fête. Je n’ai plus à insister pour que tu sortes attendre l’autobus ni pour que tu te prépares le matin.
Continue tes beaux efforts ma poulette, tiens bon et je vais tenir bon avec toi. Et ça va aller.
Tout va bien aller.
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