Mon fils,
Mon doudou, il est rose, troué, difforme à force d’avoir été lavé, mais il m’accompagne encore dans chacun de mes déménagements. C’est mon toutou préféré qui m’a servi, des années durant, de confident, de sèche-larmes ou de réconfort, celui qui calmait mes peurs et qui a fait office de doudou attitré.
Je croyais être une des seules enfants à avoir un attachement aussi prononcé pour un ourson si laid (années soixante-dix justifiant la laideur de mon ourson), mais lorsque tu es né, mon fils, dans tout le choix de tes amis en peluche, tu as jeté ton dévolu sur un oiseau bleu offert par ta marraine et plus tard, tu l’as baptisé Margalo, faisant référence au film Petit Stuart.
Tu le traînais partout avec toi, le quémandais en allant au lit, lui parlais de tout et de rien. Cela me touchait de voir que naturellement, tu t’attachais à un si petit objet et que celui-ci prenait une si belle place dans ta vie.
Lorsque tu l’égarais, te souviens tu? C’était la catastrophe, nous entreprenions le plus sérieusement du monde la mission de retrouver ton doudou, quitte à retourner à l’envers la maison.
Il nous suivait aussi en visite et nous devions le mettre en tête de liste des objets à apporter lorsque nous devions découcher. Et il ne fallait surtout pas oublier de le ramener.
Ton chien lui a déchiré une oreille, rendant l’oiseau moins beau. Nous avons donc dû opérer et amputer ton doudou. Mais tu gardais toujours la même grande passion à son égard, l’aimant tel qu’il était.
Il est beau de voir l’amour que l’enfant porte à son doudou, le réconfort qu’il y trouve, les confidences qu’il peut lui faire et la confiance qu’il lui procure.
À travers ta peluche qui nous apparaissait anodine, tu as développé un lien particulier qui t’a préparé à tes futures relations sociales et intimes. Le respect que tu portais à ton oiseau et l’attention que tu lui donnais me rassurent aujourd’hui quant à la façon dont tu traiteras tes amis tout au long de ta vie. Je souhaite aujourd’hui que tu trouves l’ami ou la confidente qui jouera son rôle de manière aussi réconfortante que ton doudou l’a fait.
Et ne sois pas gêné, encore aujourd’hui, de ressortir ton doudou certaines nuits.
Maman te comprend, elle a encore son doudou, à quarante ans.
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