La première fois que tu m’as sorti ça, ça a frappé fort. Ça fait mal. Mon cœur trop fragile de maman l’a pris durement et j’ai sincèrement hésité. Je me suis remise en question, j’ai douté de moi et de ma capacité à prendre soin de toi. Et puis, à force de le retourner dans ma tête, de le regarder dans tous les sens, je me suis rendu compte que non, je ne suis pas dans le champ.
Je vais continuer de t’’interdire de sauter sur le divan. Même si tu trouves ça donc drôle. Parce que les petits garçons bien élevés ne sautent pas sur les meubles. Parce que je n’aurai pas les moyens d’acheter un nouveau sofa quand celui-là va craquer en plein centre dans un de tes atterrissages mal contrôlés. Pis parce que, selon moi, ça ne se fait pas.
Je vais continuer de te mettre des bonhommes jaunes au lieu des verts quand je considère que tu n’as pas si bien réussi ton devoir. Même si ça te fait de la peine, même si tu penses que tu as fait de très gros efforts. Parce que je sais que tu peux faire mieux, que si tu te concentres, tu y arrives. Parce que dans la vie des grands, y’a personne qui va te faire accroire que c’est donc ben beau quand c’est pas vrai. Parce que je vais toujours t’encourager à te dépasser, pis que je te mentirai pas juste pour te faire plaisir.
Je vais continuer de te mettre en retrait si tu fais une grosse bêtise. Même si tu pleures, même si tu hurles que c’est pas juste. Parce qu’on ne peut pas laisser aller certains comportements. Parce qu’on ne règle pas nos différends avec des coups ou des morsures. Parce qu’on peut pas claquer les portes. Parce que je te respecte et que j’en attends autant de toi. Crois-moi, crois-moi pas, c’est pour ton bien.
Je vais continuer de te dire « Non » pour un paquet de choses. Parce qu’on peut pas avoir tout ce qu’on veut dans la vie. Ni faire tout ce qui nous passe par la tête. Parce que même si c’est plate avoir des interdits, c’est nécessaire. Frustrant, mais nécessaire. Pis que ça, c’est un mot que tu vas avoir à affronter toute ta vie.
Je vais continuer de te donner des médicaments qui ne goûtent pas bon, de te mettre le thermomètre là où tu n’aimes pas ça, de te flusher le nez avec l’eau saline, de te forcer à dormir. Parce que je veux que tu prennes du mieux, je veux tu sois en santé, parce que j’aime pas te voir malade, et que toi non plus tu n’es pas bien dans ce temps-là. Je le sais, que c’est pas le fun. Je le sais, que tu voudrais que je te laisse tranquille et que j’arrête de te poursuivre avec un Kleenex, une dosette ou une pilule. Mais t’sais, même si tu penses que c’est de la torture, c’est pour ton bien.
Je vais continuer de te pousser toujours plus haut, même si c’est pas la façon dont tu aimerais que je le fasse. Je vais être là devant toi, avec mes gros yeux de maman fâchée après chaque niaiserie. Je vais être derrière toi pour te regarder essuyer tes dégâts, nettoyer ton désordre et ranger tes traîneries. Je vais être fatigante, je vais te taper sur les nerfs. Et je vais continuer à être une méchante maman jusqu’à ce que tu sois assez grand pour comprendre que je fais tout ça par amour. Qu’il arrive souvent que je me pile sur le cœur pour te garder dans la bonne voie. Que tes larmes me déchirent, mais que je vais quand même tenir mon bout.
Et, quand tu auras des enfants à ton tour, je serai là, sourire en coin, à te regarder faire exactement la même chose que j’ai fait pour toi. Comme ma maman l’a fait avec moi en me voyant avec toi. Et comme elle, je te prendrai dans mes bras et je te dirai de ne pas douter de toi, que tu fais ce qu’il faut.
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