Dans Cendrillon, c’est une femme froide et cruelle. Dans Aurore, elle est une marâtre. Dans bon nombre d’ouvrages, elle est la mal-aimée, la méchante… et dans ma famille, c’est moi. Je suis « la belle-mère ».
Je les élève comme les miens à chaque jour. Je les trimbale à l’école, au ballet, au taekwondo ou au piano. J’identifie leurs articles scolaires, je range leurs jouets, je replace leurs souliers et parfois même, je leur lis une histoire.
J’ai même sacrifié l’idée d’en avoir à moi pour me dévouer à eux.
Mais eux ne sont pas à moi. Malgré les nuits où je suis réveillée parce qu’elle veut aller au toilette dans le noir, ce n’est pas ma fille. Malgré les longues journées sur un banc en bois à attendre de le voir combattre pendant deux minutes à ses compétitions, ce n’est pas mon fils.
À la fête des mères, le bracelet en macaroni n’est pas pour moi. Toutes les mères s’embrassent, se souhaitent bonne fête, mais pas à moi. Parce que si on rajoute le mot « belle » devant mère, alors ça ne compte pas.
Je n’ai pas de vergetures. Je ne leur ai pas donné le sein. Je ne les ai même pas vus faire leurs premiers pas. Je ne suis pas et ne serai jamais leur maman.
Je ne peux pas faire autant de discipline, même dans ma maison. Parce qu’ils pourraient bien m’en vouloir, moins m’aimer, aller vivre avec « l’autre vrai parent ». Toutes ces années à leurs côtés ne me garantissent rien. Une rupture et ils pourraient m’effacer.
Pourtant je les aime. Comme une maman. Je les protège. Comme une maman. Je me sacrifie. Comme une maman.
Mais je suis une belle-maman et cela ne changera pas malgré le temps.
J’espère tout de même qu’un jour il y aura enfin un conte pour les femmes comme moi. Qui raconte comment on les aime sincèrement, avec dévouement, comme une vraie maman. Ce jour-là, je m’installerai avec mes « enfants empruntés » et je leur lirai ce conte qui raconte combien ils sont aimés.
J’entends bien le message et la souffrance d’être pas reconnue pleinement.
Quelques nuances:
Je reçois au jour le jour beaucoup de mes « beaux-enfants »!
et j’en porte moins de responsabilité que si c’était les miens propres.
Et c’est pas parce qu’on est leur « vraie » maman qu’on a la garantie d’avoir des enfants présents dans notre vie. Je vois beaucoup de ruptures entre enfants devenus adultes et leurs parents! Les enfants n’effacent jamais les personnes qui se sont occupés d’eux. Je me souviens même de mes rares baby-sitters!
Je pense que c’est plus facile de trouver sa place quand la maman biologique est (malheureusement) plus de ce monde. J’ai une amie qui s’est mariée avec un veuf, s’est chargé de ses enfants plus en a eu après. Elle est clairement leur maman (même si elle n’est pas leur mère)
on devrait fêter la fête des mamans (on peut en avoir 2!) plutôt que la fête des mères..
Et les papas ont une grande part de responsabilité dans le bien-être maternel de la belle-maman.
En français il y a en plus confusion entre la belle-maman (maman du papa) et belle-maman (nouvelle compagne) du coup les images négatives véhiculées par les deux fonctions se cumulent.
Avançons en ayant confiance en l‘amour transmis!
Le conjoint de ma mère a toujours voulu être père, mais la vie en a fait autrement. Il a porté le titre de « beau-père », mais quand je suis tombée enceinte de mon premier enfant, je lui ai dit qu’il était un grand-père au même titre que mon père et que celui de mon conjoint. Il joue un rôle important dans la vie de ses petits-enfants comme il en a joué un dans ma vie et celle de ma soeur. Il n’a donc pas été père, mais il vit maintenant le rôle de grand-père à 100%!
Je me retrouve tellement dans ce texte. Merci. Ça fait du bien de savoir que je ne suis pas seule à ressentir ces émotions et pensées.