Le deuil périnatal est un sujet délicat auquel peu de gens ont envie de se frotter. C’est bien normal, la mort est un point final à la vie et ça peut paraître effrayant d’y penser, à plus forte raison quand il s’agit d’un très jeune enfant ou d’une grossesse naissante. Pourtant, malgré les avancées médicales et sanitaires, chaque année, près de 23 000 familles québécoises font la douloureuse expérience de perdre un bébé.
Si tu jongles avec l’idée de fuir cet article, c’est probablement parce que tu as entendu parler de ce truc que tu n’as pas vécu et qui te fait peur. Parce qu’une personne sensibilisée en vaut deux, nous t’avons concocté sept pistes de réflexion pour t’aider à devenir un meilleur humain. Attends une seconde, poursuis ta lecture, tu vas voir, ça ne fait pas si mal que ça.
#1 Le deuil périnatal n’est pas une question d’âge ou de poids
Nous pouvons nous sentir en deuil d’un bébé que nous avons couvé à peine quelques semaines autant que d’un bébé décédé à huit mois. Il n’y a pas de gradation dans la souffrance parce que ce n’est pas un concours du genre, Qui perd le plus, gagne. Ne nous dis pas que nous ne l’avons pas connu. C’est toi qui ne l’as pas connu. Nous, nous avions une relation fusionnelle avec lui ou elle. Capisci?
Ne nous dis pas non plus que ça aurait été pire s’il/elle était né(e) à terme/en vie/décédé(e) plus vieux (vieille). On s’entend qu’une personne n’a pas plus de valeur parce qu’elle a vécu une longue vie et que ses proches ne méritent pas plus le droit d’être en deuil parce que le défunt était âgé.
#2 Le deuil périnatal n’est pas contagieux
Nous savons que ce sujet te donne envie de tourner les talons. Mais rassure-toi, il ne s’agit pas d’un virus, ni d’un parasite. Alors, nous avons une bonne nouvelle pour toi et une moins bonne. La bonne est qu’en parler ou en entendre parler ne fera pas que tu risques d’y être confronté(e). La moins bonne est que faire comme si ça n’existe pas ne t’en préservera pas non plus.
#3 Nous sommes des « écharpés de la vie » durant un certain temps
Le cheminement du deuil de notre bébé est si éprouvant que nous nous sentons comme des homards à la carapace molle, alors il se peut que nous nous cachions dans une grotte parce que la vie nous paraît continuer sans nous. C’est aussi parce qu’être en présence de femmes enceintes nous renvoie à ce que nous ne sommes plus. Être en contact avec des bébés nous ramène à ce bonheur qui nous a filé entre les doigts et à tout ce que nous n’aurons jamais la chance de faire avec cet enfant-là. De grâce, lorsque tu nous invites à un rassemblement, préviens-nous de la présence de bébés et de femmes enceintes pour que nous puissions nous y préparer. Si nous déclinons l’invitation parce que nous estimons que c’est au-dessus de nos forces, respecte notre choix.
Si nous choisissons de nous y rendre, ne nous brusque parce que tu penses que c’est comme quand on tombe de vélo. Nous ne sommes pas tombés de vélo, tu vois, nous cheminons à notre rythme. Ne t’en fais pas, à un moment donné, nous serons prêts à reprendre une vie sociale un peu plus normale.
#4 Un nouveau bébé ne signifie pas que nous sommes passés à autre chose
Attendre un nouvel enfant après le décès d’un bébé ne signifie pas que nous sommes passés à autre chose, ni que notre deuil est terminé. Notre bébé nous manquera toujours, même si nous apprendrons à vivre avec son absence. Alors, il se peut que nous ayons encore de la peine pour le bébé qui n’est plus avec nous. Rappelle-toi que nous n’avons pas perdu un poisson rouge, mais un bébé, et qu’un bébé n’en remplace pas un autre.
Et même après la naissance, le fait que nous soyons confrontés à tout ce que nous avons manqué avec le bébé disparu peut nous attrister. Nous ne régressons pas, mais c’est la preuve que la vie est parfois pleine d’ambivalence.
Ne nous dis pas que « cette fois, ça va bien aller » quand nous t’annonçons une grossesse espoir. Tu n’en sais rien, nous non plus d’ailleurs. Et puisque tu ne peux pas nous le garantir, souhaite-nous plutôt une belle grossesse, un beau bébé. Dis-nous que tu es à nos côtés.
#5 Derrière le décès d’un bébé, d’un enfant, il y a une famille
Tu te rappelles comment on fait les bébés? Good! Tu sais donc qu’en principe, ça prend un papa et une maman – ou presque, avec les avancées médicales. Le deuil d’un bébé ne concerne pas juste la maman. Derrière une maman orpheline, il y a un(e) conjoint(e) qui est aussi en deuil. Il/elle aussi a droit à la reconnaissance de ce qu’il/elle éprouve, à des paroles ou des gestes d’empathie qui lui sont destinés. Pas juste que tu lui demandes comment va la maman.
Aussi, le deuil périnatal est une onde de choc qui va au-delà du couple endeuillé. Derrière des parents orphelins, il y des frères et des sœurs, des grands-parents, des oncles et des tantes touchés. Eux aussi se réjouissaient que la famille s’agrandisse et eux aussi ont de la peine. Donc, on ne les oublie pas non plus, OK?
#6 La parole est d’argent, mais le silence est d’or
Bien sûr que nous savons qu’avoir le mot juste en toutes circonstances n’est pas donné à tout le monde. Que tout cela est rarement mal intentionné, que c’est plus souvent par maladresse. Sauf que rappelle-toi, nous sommes en deuil de notre bébé et que certaines paroles nous hantent, nous fâchent, nous blessent. La fameuse formule « Il n’y a jamais rien qui arrive pour rien » est vide de sens car aucun gain – même 26 millions au loto – n’a jamais compensé pour la perte d’un proche, surtout pas celle d’un bébé. Alors voici notre dernier conseil : la parole est d’argent, mais le silence est d’or!
Tu t’es rendu(e) jusqu’ici? High five. Tu vois, ça n’a pas été si difficile. Alors, nous comptons sur toi la prochaine fois que tu croiseras l’un d’entre nous? Dac ‘O Dac!
#7 En bonus – Tu es un parent orphelin
Nous voulons que tu saches que ta peine, ta colère, ton désarroi sont légitimes et que tu n’es pas seul(e). Si certains jours te semblent insurmontables, viens prendre un café avec nous. La famille des parents orphelins n’est pas le club select auquel on rêve d’adhérer, mais nous sommes passés par là et nous sommes là pour toi.
Voix officielle des parents endeuillés et de la cause du deuil périnatal, Parents Orphelins représente l’ensemble des familles qui vivent un deuil périnatal, sans égard à la période où leur bébé est décédé. Par nos initiatives et nos services, nous offrons un espace de compréhension et d’écoute qui permet aux familles en deuil d’un ou plusieurs bébés d’honorer leur mémoire et d’apprendre à vivre avec une réalité à laquelle elles n’étaient pas préparées.
Trop dur pour moi de lire entièrement cet article
Il me fait trop penser à ma petite Salomé que je m oubliais jamais son petit visage est grave à jamais dans mon esprit
Une mamie parmi tant d’autres
Véronique
Bonjour, merci d’avoir écrit cet article que j’ai découvert grâce à un groupe sur le deuil périnatal. Je vais le diffuser largement.
Bonjour, je suis ce père endeuillé au chevet de ma conjointe et je vous remercie puisque ce texte fait plein de sens!
Merci
Ce n’est pas tout le monde qui a un entourage qui les supportent. J’ai eu le malheur de perdre mon fils et même après 8 mois j’ai encore ce trou dans le ventre… et je pense que je l’aurais toujours. On a eu la « chance » d’avoir une famille proche et supportante, des amis comprehensifs. Merci pour l’article.
Merci pour cette lecture très instructif car je ne suis pas encore en deuil mais malheureusement je m y prépare enceinte de 4 mois ,interruption de grosesse car mon bébé ses 2 reins ne fonctionne pas du coup pas de liquide amniotique. Le jour où j ai appris cette triste nouvelle j étais sous le choc ,mais c est irrévocable maman de 2 garçons magnifique de 12 ans et 9 ans pas le choix d être forte et de lever la tête .J ai peur du jour j qui avance à grand pas mais pas le choc ,la chose qui me choc le plus c est peut être spicologique mais après cette triste nouvelle mon ventre avec disparue plus rien comme j avais un gros placenta à 4 mois de grosesse j avais l impression d être enceinte de 8 mois dure dure merci et bon courage à tte les familles qui on malheureusement vécu cette épreuve ????