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Lettre d’une femme infertile : à toi, l’enfant que je n’aurai jamais

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À toi, l’enfant que je n’aurai jamais,

Je voulais te dire que j’aurais tellement voulu t’avoir. J’en rêve depuis que je suis toute petite. Avoir une petite fille avec qui jouer à la poupée, pouvoir lui faire des tresses, l’amener magasiner avec moi. Avoir un petit garçon pour pouvoir jouer aux petites autos avec lui et le regarder s’extasier devant son premier vélo. J’aurais aimé connaître les joies de la maternité et pouvoir entendre un enfant me chuchoter à l’oreille « Je t’aime maman » avant d’aller au lit. Mais le destin en a décidé autrement; je n’aurai jamais d’enfants parce que mon corps s’y refuse.

Lorsque le médecin m’a annoncé que mon corps ne donnerait jamais la vie, j’ai pensé que mon cœur allait littéralement se casser en mille morceaux. Allais-je pouvoir survivre à ce rêve brisé si brutalement ? Mes amies devenaient toutes mamans les unes après les autres et je ne pouvais qu’admirer leur bonheur de loin sans broncher, sans pouvoir y accéder, sachant qu’au cœur de mes entrailles se cachait une petite parcelle de vie qui aurai voulu naître, mais qui ne verrait jamais le jour; toi, le petit humain, qui vivras toujours à travers mes rêves.

J’aurais aimé être la meilleure maman du monde à tes yeux. J’aurais souhaité être ébahie devant tes premiers pas ou ton premier sourire. J’aurais voulu pouvoir réapprendre à voir le monde à travers tes yeux d’enfant, à travers ta belle innocence. J’aurais aimé pouvoir te protéger des méchants monstres sous ton lit et que tu viennes me retrouver sous mes draps les soirs de cauchemars.  J’aurais été ta plus grande supporter au match de soccer les dimanches matins d’été avec ma chaise pliante et mon gobelet de café. Je t’aurais appris que dans la vie, les gens ont tous une valeur et que ta vie à toi t’appartient et que tu peux en faire ce que tu veux.

À toi, l’enfant que je n’aurai jamais, je vais continuer de te rêver et de t’aimer pour toujours.

J’envie les mamans lorsque leur regard adouci se pose sur leurs merveilleux petits. Je les envie de pouvoir serrer, chaque soir, l’être humain le plus important de leur vie. Même si certains soirs, elles sont découragées, je vois tout l’amour qu’elles leur portent. J’envie cette famille dont tu ne feras pas partie, mon bébé. Cette famille si chaleureuse et aimante que nous aurions pu te donner et qui m’aurait comblée de bonheur à en faire exploser mon cœur. Ce bonheur que je ne connaîtrai jamais.

Crédit : Pra Chid/Shutterstock.com

Audrey Latour

Maman de deux mini-monstres, étudiante, nouvelle trentenaire et propriétaire d’un homme à temps complet, mes enfants sont de la nouvelle génération. Ils ont deux papas, deux mamans, huit grands-parents, deux maisons, quarante oncles-tantes et une souris verte. Mes activités préférées sont manoeuvrer le sarcasme, chialer et tomber en SPM. Je ne mange pas bio, je ne fais pas de yoga chaud et je dis tout ce que je pense. Dis comme ça, j’ai l’air désagréable… mais quand on me laisse dormir, je suis attachante comme pas une.

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7 Comments

  • Tres touchant mais surtout tellement vrai…
    Je suis dans la même situation que vous, je n’aurais jamais d’enfants….c’est un vide et une souffrance quotidienne auxquels on ne pourra jamais échappé puisque chaque jour autour de nous il y a toutes ces mamans soit enceintes soit avec leurs enfants, soit parler sans cesse de leurs enfants….assister et entendre ça chaque jour nous condamne à souffrir jusqu’à la fin de nos vie……c’est un vide immense et une douleur extrême quotidienne et perpétuelle….?

  • Je suis très touchée par votre texte… Il me parle tellement… J’ai la même douleur en moi…
    On ne m’a jamais dit que je n’aurais jamais d’enfant mais la réalité est la même… Une rencontre tardive avec l’homme avec qui j’ai eu envie de faire un enfant, puis une succession d’échecs, d’épreuves et l’âge qui avance et oblige à cette acceptation si douloureuse mais qu’il va falloir affronter quoi qu’il en soit ! Je n’ai pas envie d’être triste alors je vais tout faire pour surmonter cela mais c’est dur… très dur et de plus en plus dur…

  • Votre texte est magnifique et c est tellement ça ! J ai eu la chance d avoir un enfant après 10 ans de pma et j ai la chance de profiter de tout ça chaque jours, je ne donnerai malheureusement pas de petit frère ou soeur a ma fille et j en suis profondément triste mais je réalise a quel point j ai de la chance. J espère que vous réussirez à passer au dessus je sais la souffrance que c est je vous envoie pleins d ondes positive.

  • Bonsoir

    Cette lettre raconte tout ce que je ressens. Je vous remercie pour ce partage et qui me permet de savoir encore plus que nous ne sommes pas seules à traverser ce douloureux constat. Force à nous.

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