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J’ai besoin d’air rien qu’à moi

Mon amour,

Je suis là, à côté de toi, dans notre quotidien un peu fou, ce quotidien juste à nous. Mais je ne suis pas vraiment là, je sais.  Je suis distante.

Tu me cherches, tu nous cherches, tu ne comprends pas où on en est, toi et moi.  Tout allait si bien, hier, encore.  Puis aujourd’hui, quelque chose nous sépare, que tu n’arrives pas à comprendre, quelque chose d’invisible nous éloigne, que tu n’arrives pas à saisir.

Moi, je sais ce qui nous sépare, mon amour.  Et je peux te rassurer, je sais aussi que ça va passer.

Mais présentement, j’ai besoin de liberté.  J’ai besoin d’air.  J’ai besoin d’être seule.

Je cherche à retrouver ma bulle, si souvent envahie.  Je cherche mon univers à moi, celui qui n’est pas aussi occupé par nos petits et par toi.

Parce que des fois, je suffoque.

Mais ce n’est pas toi.  Ce n’est pas nos enfants non plus.

C’est mon rôle de maman qui m’étouffe, parfois.  C’est ce don de soi constant pour les enfants qui me pèse, malgré moi.  C’est le fait d’avoir des enfants qui me réclament, tout le temps.  C’est que, probablement comme toutes les autres mamans, je fais passer les enfants devant, même quand je sais profondément qu’il est temps que je pense à moi.

C’est ce qui fait que parfois, malgré toute ma bonne volonté de conserver un équilibre dans tout ça et malgré tout l’amour que je te porte, que je vous porte, soudainement, j’étouffe.  Et je m’impatiente, avec les enfants, avec toi, avec moi.

Alors j’ai besoin d’air.  De beaucoup d’air.

Mais je ne peux pas partir.  Et tu le sais bien que je ne veux pas partir.  Ce qu’on a toi et moi, cette vie de famille qui m’épuise tant parfois, c’est tout ce que je veux.

Mais au détour d’une semaine trop pressée, d’une fin de semaine trop chargée ou même d’une journée plus que banale, mais où je suis toujours entourée, parfois, l’air me manque.  Mon esprit sauvage si lentement amadoué cherche une porte de secours, pour aller galoper, en liberté.

Et c’est à ce moment-là que j’ai besoin de me retirer un peu, comme je peux, par en dedans.

J’ai besoin que tu lâches ma main et que tu me laisses m’éloigner.  Ne quitte pas mes yeux.  Je ne quitterai pas les tiens.  Pose sur moi ce regard qui dit que tu comprends.  Celui qui me fait sentir que j’ai le droit de reprendre mon souffle, loin de nous, à l’intérieur de moi.

Et quand je l’aurai repris, je reviendrai.

Parce qu’au-delà de ce qui nous sépare présentement, ce qui nous unit est toujours là.

J’ai juste besoin d’un peu d’air rien qu’à moi.

Crédit : Freedom Studio/Shutterstock.com

Méliane

Je suis la maman pas toujours zen de 4 amours qui ont entre 5 et 12 ans. Je vous entends d'ici: "Quatre!!! Oh! que ça fait une belle famille ça!" Oui, tellement. Ça fait aussi parfois de moi une maman à boutte, mais qui l'assume. Parce qu'un enfant prend chaque seconde que sa mère lui offre, j'ai dû apprendre à me garder des minutes à moi et à accepter que je peux le faire tout en étant une bonne mère.

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6 Comments

  • Tellement bien écrit… c’est exactement ça.. avoir un peu d’air pour soi et exclusivement pour soi! Ce n’est qu’un moment pour mieux revenir!!

  • Dans mon cas je suis en garde partagée et j’ai mes moments à moi, mais j’ai toute mon admiration pour mon chum, lui il a ses enfants à 100%, sa conjointe est décédé d’un long cancer! Ce texte décrit très bien sa situation, 2 enfants de 6-10 ans! Des moments il en a jamais ou presque, mais cette semaine il a décider de prendre soin de lui, il est seule dans le sud!! BRAvo pour sa décision et se reposer!! Une maman seule avec des enfants cest plus fréquent mais un papa seul c’est plutôt rare!!

  • Très bien résumé, comment faire, quel comportement dois je avoir envers ma femme , la maman, mon amante afin de mieux la soutenir., je suis dans cette situation et en tant « homme, mari, papa » c’est pas toujours très évident.

    Merci de vos retours

    Stephane

    • Cher Stéphane,
      Il faut simplement être présent, savoir aider, écouter, comprendre. Un simple sourire, un câlin, une présence aimante.
      Et une bonne dose de patience ?

  • J’adore ce texte j’aurais pu l’écrire il y a un mois! Je suis partie le temps d’une nuit, seule avec le chien seulement à m’occuper chez mes parents qui étaient partis en week-end. Ma plus jeune avaient 2 mois seulement, mais mon conjoint a compris et à ce moment je l’ai aimé encore plus fort. À mon arrivée j’ai pleuré un peu puis j’ai pensé à moi seulement pour une soirée, une nuit… Je suis revenue chez moi le lendemain apaisée, reposée, pleine d’amour et de patience pour mes petits et mon conjoint.

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