Ce soir-là, en lisant l’histoire du dodo à ton dernier-né, tu t’es mise à pleurer. Pleurer à la lecture de cette histoire qui magnifie l’enfance et la vie de parent. Des larmes ont rempli tes yeux, tu cherchais à les cacher pour ne pas que ton petit les voit. Ta voix tremblotante aurait pu te trahir, mais il n’a rien remarqué. Un « bonne nuit », bec sur la joue, et tu t’étais éclipsée dans la salle de bain pour pleurer.
Tu as fait couler l’eau du bain pour éviter que tes enfants entendent tes pleurs. Tes pleurs qui sortaient de ta gorge comme un cri du cœur, tes pleurs qui semblaient venir de la profondeur de ton ventre. Tout le trop-plein de ta vie est sorti, ta solitude de mère monoparentale qui envahissait désormais tout ton être.
Tu te trouvais seule, mais vraiment seule.
Seule pour faire le souper, les devoirs, donner les bains. Seule pour entendre les histoires de trucs arrivés pendant la journée d’école des enfants. Seule pour donner de l’attention à chacun alors que tous la sollicitent en même temps. Seule pour faire les lunchs, la vaisselle, le lavage, prendre les rendez-vous et préparer la journée du lendemain. Seule pour argumenter, chicaner, discipliner, consoler et enseigner. Seule jusqu’à t’effondrer.
Tu refuses de te plaindre. Tu n’es pas la seule dans cette situation-là, tu le sais bien. En plus, dans la vie en général, tu es entourée de plusieurs personnes aimantes qui savent t’encourager, te remonter le moral quand ça va moins bien et à qui tu peux te confier. N’en demeure pas moins, que tu évites de demander de l’aide trop souvent. Que ton verre de vin, tu le bois seule plus souvent qu’autrement et que la présence d’un partenaire te manque souvent le soir venu quand tu effleures la froideur du côté droit du lit.
Tu fais de ton mieux, mais les soirs où tu pleures, tu te trouves incompétente, pas bonne, impatiente et dépassée. Tu t’en veux et tu te sens coupable de pleurer alors que la présence de tes enfants devrait te combler de bonheur. Tu réprimes tes envies de te sauver, de tout quitter, de t’enfuir au volant de ta voiture. Juste conduire sans savoir où aller, juste essayer de faire une pause et tenter de te dégager du poids de cette solitude de mère que tu accumules depuis des années.
Tu arrêtes l’eau du bain après quelques minutes. Te regardes dans la glace et prends une grande respiration. Tu ne peux pas rester trop longtemps enfermée ici. Les plus vieux doivent aller au lit à leur tour et il te reste quelques tâches à faire avant la fin de la soirée. Tu angoisses déjà en passant au moment du coucher. Ce moment où quand tout est silence dans la maison, tu te blottirais dans les bras d’un confident. Tu sais que tu te coucheras chargée, le cœur lourd et des reproches plein la tête.
Dans un racoin caché, tu trouves de l’espoir. Tu te dis que c’est un moment difficile à passer et que ça peut arriver à tout le monde. Tu pries pour que la vie continue d’être bonne pour toi. Tu t’automotives comme tu peux, en pensant à ce que ta meilleure amie te conseillerait. Tu n’oses pas l’appeler ce soir, mais te dis que demain envoyer un texto pour prévoir un 5@7 serait peut-être une bonne idée. Il y a quelques solutions qui t’apparaissent ici et là comme des phares pour t’aider à continuer d’être la maman que tu es.
Parce que même si tu as de la peine, même si tu te sens seule au monde, t’es une bonne mère et ça, ne l’oublie jamais.
Merci !
Ça m’a fait un grand soulagement de te lire xx