Chez nous, on l’a pas eu facile. Nous sommes le un couple sur six qui est infertile. À un moment donné, nous étions en train de faire notre deuil de la parentalité. Et ça m’a complètement détruite. Tous les textes écrits par des mamans me faisaient mal. Tout autant que la moindre publicité de test de grossesse et toutes les téléséries de madames qui tombaient enceintes au premier mois d’essai. Et c’est là que la réalité m’a frappée pour la première fois : ce n’est pas parce que tu es infertile que le monde arrête de tourner, que tes amis fertiles décideront de ne pas avoir d’enfant ou que ta cousine ne se fera pas avorter pour ne pas t’offenser.
Nous avons été entourés. Par des gens qui avaient des enfants, des gens qui n’en avaient pas et ceux qui n’en auraient jamais. Différents points de vue basés sur différentes expériences de vie. Sans jugements et sans prétention, ils ont tous été là pour nous.
Et nous avons finalement réussi. Le fabuleux + sur le bâton. Tout a bien été par la suite. À la naissance de notre enfant, nous avons vécu les mêmes stress que les autres parents, les mêmes difficultés et le même bonheur. Depuis, nous savourons chaque moment puisque nous savons qu’il ne reviendra peut-être jamais. Et comme d’autres parents, qui eux aussi adorent leurs enfants, nous sommes souvent parfois exaspérés.
À la base, je suis quelqu’un de perfectionniste, qui veut faire au mieux en toutes circonstances. J’abordais donc la maternité avec la même attitude. Mais tout n’est pas toujours rose et parfait. Et j’ai trouvé ça très difficile d’essayer d’être à la hauteur de cette responsabilité. J’avais tellement désiré vivre la maternité et j’avais tellement de chance de pouvoir le faire après ces années d’essais infructueux; je ne pouvais pas être à bout ou avoir envie d’avoir un peu de temps pour moi. C’était inconcevable. Je me sentais coupable.
C’est là que des amis m’ont dit que malgré mon parcours, j’avais le droit d’avoir envie de le mettre aux vidanges dans le bac de récup, des fois, mon bébé. Et c’était vrai. Malgré tout le « avant », mon bébé n’est pas plus spécial que le bébé de ma chum.
Des fois, il ne s’endure plus, pis moi non plus, je ne l’endure plus. Cependant, ce que j’ai finalement compris aujourd’hui, c’est que ce que je ressens est légitime. C’est humain d’être parfois dépassée. Et je ne suis pas seule à me sentir comme ça. Je peux respirer, je suis une maman comme les autres. Je ne suis plus seule dans mon salon. Je peux être vraie, et non essayer de fitter dans un cadre défini par d’autres mères.
Mon couple infertile peut avoir eu la chance d’avoir un bébé et trouver la maternité pénible par moments. Il en a le droit. J’en ai le droit. Comme toutes les autres mamans qui ont la chance d’avoir eu un enfant en deux temps trois mouvements ont aussi le droit de se plaindre.
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