Pour ceux et celles qui sont victimes de violences conjugales et que votre sécurité et celle des enfants sont en jeu, ce texte ne s’applique pas à votre réalité.
Depuis quelques années, je suis aux premières loges comme témoin des ravages causés par une situation d’aliénation parentale imposée par l’ex de mon conjoint sur leurs enfants. La situation perdure depuis leur séparation et s’aggrave annuellement.
Une rupture, ce n’est jamais facile. Malheureusement, à cause de nous, les adultes, les enfants en paient le prix. Ainsi, lors de notre séparation, mon Ex et moi avons choisi de mettre la priorité sur le bien-être des enfants. Notre séparation était équitable. On se respectait mutuellement, on échangeait sur nos enfants sans chicanes. Malgré toutes les blessures émotives et psychiques subies durant notre relation toxique de plus de quinze ans, je nous trouvais pas mal bons de réussir aussi bien notre séparation.
Jusqu’à ce qu’un matin je réalise que mon ressentiment, mes frustrations, mes insécurités et mes blessures se reflétaient dans mes gestes et dans les mots que j’utilisais avec mes enfants et qu’eux, inconsciemment, agissaient en conséquence. Ça m’a frappé en plein visage. Une bombe. Puisque j’étais anxieuse quand ils allaient chez Papa, ils arrivaient là avec des appréhensions.
Conséquemment, ils y vivaient toujours des situations difficiles. À leur retour, j’avais droit à des histoires d’horreur. J’entendais ce que je voulais entendre. Les enfants me racontaient le pire parce que j’avais besoin d’être confortée dans mon rôle de mère et d’être validée dans ma position de « meilleur parent ».
Nos enfants sont des éponges; ils absorbent tout. Je ne parlais jamais en mal de mon Ex devant eux; cependant, les mots que j’utilisais, les gestes que je posais, le désespoir avec lequel j’accueillais leur retour, la tristesse avec laquelle je leur disais au revoir, tout en moi transpirait l’insécurité. Nos enfants l’intégraient et agissaient en accord avec mes anxiétés. Je plaçais mes propres enfants en conflit de loyauté en projetant mes craintes sur eux. J’étais le «mauvais» parent.
On parle d’enfants assez vieux pour savoir que leurs deux parents sont importants et qu’on les aime aussi fort. Malgré ça, ils agissaient en nourrissant mes anxiétés. J’entretenais le conflit. Je détruisais nos enfants. J’étais incapable de lâcher prise. Je critiquais tout ce que faisais mon Ex. Je le dénigrais.
Je plaçais mes enfants en conflit de loyauté en étant convaincue que je les protégeais quand en réalité, je leur faisais du tort. J’étais tellement certaine que je savais mieux que mon Ex ce qui était bon pour nos enfants que je le rabaissais sur les réseaux sociaux parmi les groupes qui me confortaient dans ma position
Notre séparation est à l’image de notre vie de couple. Nous avons tous les deux nos torts. Moi, je perpétuais la relation toxique. J’étais convaincue que j’agissais dans l’intérêt des enfants. En réalité, j’alimentais un cercle vicieux dont les enfants subissaient les conséquences. Lorsque j’ai saisi qu’en agissant comme je le faisais, je causais autant de tort à mes enfants que l’ex de mon chum causait aux leurs, j’ai allumé et j’ai complètement changé ma façon d’échanger avec mon Ex.
J’ai finalement compris qu’il s’ennuyait aussi de NOS enfants, qu’il souffrait autant de leur absence, qu’il les aimait aussi fort. Ce n’est pas parce qu’il m’a laissée pour une autre qu’il a laissé les enfants. Sa relation avec eux n’est pas sa relation avec moi. Je plaçais des bâtons dans la relation entre les enfants et leur père et après je me plaignais de lui et de son manque d’implication.
Pour le bien de nos enfants, j’ai arrêté de me concentrer sur notre passé. J’ai décidé de voir ses qualités, ses efforts. Je n’accapare plus toutes les sphères de responsabilités parentales. Je respecte ses compétences. Tant que nos enfants sont en sécurité, je n’ai pas à m’ingérer dans sa vie.
J’ai arrêté d’imposer à mon Ex mes façons de faire. Il arrive 15-20 minutes en retard pour le retour des enfants, ce n’est pas la fin du monde. Il désire passer une journée supplémentaire avec les enfants, pourquoi pas ? On habite différentes villes et il fait les déplacements pour les activités et l’école parce qu’il veut être impliqué; on a appliqué des solutions de garde partagée flexibles qui nous convenaient. J’ai arrêté de critiquer et de dévaloriser son rôle de parent auprès des enfants et auprès des autres adultes.
Nos conjoints respectifs se joignent maintenant à nous pour supporter nos enfants dans leurs diverses activités. Les impacts positifs sur nos enfants sont plus importants qu’être le meilleur parent. Tout n’est pas rose. Mon conjoint révise mes messages et met les choses en perspectives quand je me fâche après mon Ex. Parce que oui, je me fâche encore après et maudit que je trouve qu’il ne réfléchit donc pas comme je crois qu’il le devrait et qu’il n’a pas les priorités aux mêmes places que moi. Dans ces moments-là, j’inspire et je me rappelle que les enfants sont bien, qu’ils sont heureux, en sécurité et aimés. Ce n’est pas parfait, un Ex ça reste un Ex, mais on travaille fort pour que nos enfants soient heureux.
Ce n’est pas la séparation qui traumatise les enfants, c’est comment on la gère. Ce qu’on dit et ce qu’on pense de notre ex, ça reflète beaucoup sur le type de personne que nous sommes. Je me suis longtemps regardée dans le miroir et je me suis demandé si j’aimerais que mon Ex pense et parle de moi comme je le fais de lui. On ne s’est pas séparés pour rester en guerre. J’ai réalisé que dans le fond, c’était moi l’ex de marde.
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