Chéri, je suis en manque de sexe.
Mon homme, il faut que je me rende à l’évidence : je suis en manque de sexe. Cruellement en manque. Tu sais? Le cliché de la fille qui ne veut pas, pis du gars qui veut tout le temps? Ben, c’est clairement pas nous. Ici, dans notre maison, c’est moi qui ai tout le temps soif.
Te souviens-tu combien c’était l’fun? Avant les petits, la maison, l’hypothèque et les cours de hockey de la fin de semaine? Te souviens-tu avant les enfants? On était comme fous, cokés aux endorphines, on cherchait toujours le moment et la place qui allait être la prochaine. On a baptisé chacune des pièces de notre appartement et quelques endroits illicites. Des fois, on sortait l’artillerie lourde des accessoires en latex, d’autres fois c’était juste simple. On n’était pas toujours au diapason, mais c’était vraiment bien. Je pense qu’on avait du talent pour l’amour.
Quand la première s’est pointée, tout a basculé, d’un coup sec. Je n’ai pas compris pourquoi tu ne voulais plus me toucher. J’ai sorti mes dentelles, les outils les plus débiles et j’ai tenté de trouver ton désir dans des racoins sombres de la sexualité en me disant que tu devais bien l’avoir caché quelque part.
Les gens vont penser que tu me trompais. Je sais qu’il n’en est rien. À moins que l’on considère la porno en ligne comme un adultère… Enfin.
Des petits rejets aux mots qui blessent, à force de me faire dire non, j’ai cessé d’aller vers toi. Je me suis mise à t’attendre. Tu allais bien finir par avoir envie de moi, non? Là-dessus, j’étais naïve.
Depuis un moment, je n’ai plus envie de rire, ni de parler (oui, parce qu’on en a parlé en masse : seul à seul, en thérapie, par écrit, par texto…). J’ai juste envie d’être prise pour ce que je suis. Par n’importe qui.
Hier, autour d’une bière, un bon ami m’a déclaré son amour caché depuis dix ans. L’alcool aidant, j’ai même senti la force de son désir effleurer ma peau. Juste un peu, juste sur la ligne à ne pas dépasser. C’est là que j’ai réalisé à quel point chaque poil de mon corps se souvient. Chaque parcelle de mon être crie famine depuis longtemps.
Je suis en manque de sexe, mon homme. Pas le sexe fonctionnel in/out/in/out/in/out. Non. Le vrai. Celui qui me fera suer ma vie et hurler de plaisir. Du sexe brut, sans fard ni dentelles. Des désirs qui se touchent et se palpent. Des mains pour manger ma peau, une bouche pour explorer mon corps, la puissance viril d’un homme pour me posséder toute entière.
Ça se peut-tu que j’aie envie de te laisser « juste » parce que je suis en manque de sexe? C’est quand même débile, non? Pourtant, entre ça, m’embrigader chez les bonnes sœurs jusqu’à ce que la mort nous sépare et te mentir, je pense que je préfère exploser notre vie de plus-de-couple pour aller voir ailleurs si le bonheur m’attend dans les bras d’un autre. Parce qu’une vie sans sexe, alors ça, je n’en peux plus.
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J’adore votre texte! Je suis exactement dans la même situation que vous. La seule différence, mais toute une différence, c’est que je suis un homme et que c’est ma conjointe qui est sans désir, sans affection, sans sexualité pour notre couple. Nous vivons cela depuis presque trois ans et cela commence sérieusement à m’affecte. Nous sommes parents de 4 garçons âgés entre 5 et 11 ans. La routine s’acharne sur nous et nos efforts pour la briser sont de plus en plus rare. J’ai essayé longtemps de briser cette routine, de la surprendre avec de nouvelles choses, de nouvelles approches, mais en vain. Elle a toujours une excuse pour s’en sauver. Je continue de rester patient et je m’efforce a penser que le temps est mon meilleur allié et qu’il va arranger les choses, mais tout comme toi, vivre sans sexe de qualité, No way!
Wow je ne saurais mieux l’exprimer quand ça va pas bien depuis si longtemps et que tu te cache cela a toi même … Oufff