Je l’avoue, ce matin en essayant d’habiller mes jumelles de presque deux ans, qui me criaient leur désaccord en me déchirant les tympans, le cœur et éliminaient du coup le peu d’énergie qui me restait, ben j’ai eu envie, l’espace de quelques secondes, de pu être mom.
On possède toutes un sac de réserve de patience et d’énergie. Les niveaux de nos ressources varient d’une mom à l’autre, mais généralement, on a tendance à en avoir beaucoup. Sauf qu’un jour on se lève, pis notre sac est non seulement vide, mais y a un gros trou dedans. Ce qui fait que la patience et l’énergie ne se régénèrent pu. Conséquence ? Dès les premiers cris à 4 h 45 du matin parce que, enfant #1 veut du lait, mais a clairement pas assez dormi pour l’exprimer comme il est capable de le faire d’habitude, ben tu te demandes si tu vas t’en sortir un jour. Enfant #2, lui, veut des céréales, pis y veut pas que les pieds de sa sœur touchent les siens en les mangeant sur le divan, sinon, ça déclenche une guerre froide. Yé rendu 5 heures du matin, ça fait 15 minutes que t’es levée, mais pas réveillée, pis tu te demandes comment tu vas faire ta journée avant de les coucher ce soir. T’as envie de pleurer, de faire ton sac pis partir peu importe où, en autant que tu sois seule pour 24 heures.
C’est sûr que tu vas t’en sortir. Avec des cheveux blancs, des cernes jusqu’en dessous du nombril, à l’endroit même où tu as donné la vie. Cette vie qui te rend folle pis qui t’enlève toute dose de charme aux yeux de tes enfants, parce que tu vas sûrement aussi devenir un peu ou beaucoup cynique envers la vie, eux qui vont rêver bientôt de refaire le monde. Toi qui ne pensais pas être un parent « normal », qui voulais continuer à t’entraîner, réaliser tes rêves pour montrer à ta progéniture non existante encore (quand tu t’imaginais être mère) que tout est possible, pis surtout, surtout, continuer de voir tes amis, peut-être pas aussi souvent, mais en tout cas, assez pour te rappeler de leurs prénoms pis savoir ce qui se passe dans leur vie. Tu voulais aussi continuer de penser qu’un souper au centre-ville, c’est une activité l’fun. Contrairement à tes soirées télé avec ton chum, chum qui te parle pu vraiment, sauf pour te raconter le nombre de cacas que la plus vieille a fait pis les nouveaux mots de la p’tite dernière. C’est pas que vous vous aimez pu, mais vous êtes fatigués. Lui aussi, son sac est vide.
Tu rentres au travail plus tôt le matin, question de prendre du temps pour toi. Ton petit café te réchauffe l’âme un peu, pis tes collègues qui n’ont pas d’enfants te font sourire, ça te fait du bien, même si tu trippes pas tant sur ta job.
Un soir de semaine, ta meilleure amie dans l’temps, qui est encore célibataire, te demande d’aller, si ça te tente, à un 5 à 7. Comme ton chum travaille pas, que tu as semi bien dormi la nuit passée et que tu as fini pas trop tard au travail, tu acceptes. Après trois shooters de vodka pas prévus, tu l’écoutes parler de ses dates de marde pis du fait qu’elle est bien toute seule, pis tu l’envies un peu. Mais tu ressens en même temps cette envie folle d’aller border tes enfants et de recevoir un gros câlin.
Quand t’es seule, tu rêves de l’amour pis de fonder une famille. Quand t’as tout ça, t’es nostalgique de ton « avant ». On n’est jamais contentes. C’est vrai que c’est tough, mais c’est ben faite la vie pareil. Une chance qu’on a des amies pour nous faire vivre des soirées folles de temps en temps. Ah pis aussi, qu’on puisse compter sur les p’tites pilules contre l’anxiété pis écrire un texte pour en parler pour pu se sentir seule. Se relire, être fière, pis oublier les crises de bacon des deux bords pis du paquet au complet de ce matin. Ça fait des mautadines de bonnes histoires en plus les crises de bacon. Soudain, tu rêves de reprendre ta plume et qui sait, de devenir auteure, reprendre ton rêve là où tu l’avais laissé. Hey, est-ce que je suis une mom en train de rêver moi ? R’garde donc ça, peut-être que c’est ça la vie post-vingtaine, apprendre à faire du beau avec du tough.
Salut, ça me rassure vachement de lire ce genre de chose et je me sens moins seule 🙂