Les enfants, comme chacune le sait, détiennent le monopole mondial de la production de bruit. Mais avant que nous, pauvres parents, organisions des veillées mortuaires en l’honneur de nos chers tympans, j’ai pensé que mettre de l’ordre dans cette cacophonie infantile aiderait peut-être à mieux l’accepter au quotidien. Voici donc un petit lexique pour mieux catégoriser tes petits générateurs perpétuels de tintamarre.
#1 Le porte-voix
Celui-là est très commun. On dirait qu’un jour, il s’est vaguement étouffé avec un haut-parleur qui a fini par se loger confortablement entre ses deux cordes vocales. Résultat? IL CRIE TOUT LE TEMPS! Qu’il soit triste, fâché, content ou excité, qu’il te dise que t’es pas fine, qu’il t’aime, ou te demande de lui passer le beurre, il n’a qu’un seul volume : « trop fort ». Cela fait partie des plus grands irritants de ton quotidien. Tu alternes entre les demandes ‘’baisse-le ton’’ et ‘’arrête de crier’’, mais rien n’y fait. Plus d’une fois, tu t’es demandé s’il n’avait pas un problème d’audition. Dans ce temps-là, tu lui fais subir un petit test maison. Tu attends qu’il soit dans une autre pièce ou sur un autre étage, puis tu murmures ‘’ Minou, veux-tu du chocolat?’’. Et tu le vois immédiatement surgir à la belle course. Oreilles A1, ben coudon…
#2 L’éléphant
Ça, c’est toujours surprenant. Ils pèsent combien, ces enfants? Vingt livres, mouillés? Ok, disons trente ou quarante. Pourquoi alors crains-tu pour ta vie alors qu’ils font la course dans le couloir pendant que tu cuisines à l’étage en dessous? Les lustres en tremblent, le plafond craque, un peu de poussière te tombe dans le toupet. Tu jongles avec l’idée d’aller t’abriter dans le cadre de porte, quand ça s’arrête enfin! Ouf! En espérant que la structure de la maison n’en ait pas trop souffert, t’sais. L’histoire ne dit pas si à ce jour, des effondrements majeurs ont déjà été provoqués par un enfant qui marchait du talon.
#3 L’enfant-orchestre
Sa voix est standard, sa démarche également. L’enfant-orchestre est plutôt quelqu’un d’ingénieux qui utilise tout ce qui l’entoure pour produire le plus de bruit possible. Il traîne sa chaise au sol, il claque et/ou fait grincer les portes, il tapote sur la table avec ses doigts, il joue du tambour avec sa cuillère sur son verre de lait, il fait des bruits de bouche, il renifle, fait claquer ses dents. Il se frotte les mains ensemble, il froisse du papier, il laisse choir des objets au sol à répétition. Il siphonne dans sa paille, il piaque, il bâille exagérément. Il toussote, il éternue, se râcle la gorge. Même s’il est plus subtil que ses compatriotes des catégories précédentes, il demeure néanmoins un redoutable exterminateur de silence. Sa technique se rapproche du supplice de la goutte d’eau : lentement mais sûrement.
#4 Le non criminellement responsable
Il aime bien faire du bruit, mais uniquement avec les objets prévus à cet effet. Mais lesdits objets, qui les a fait entrer dans la maison? Les regrettes-tu, maintenant, ces poupées qui pleurent, ces chiens-robots qui jappent, ces dinosaures qui grondent, ces maracas/tambourins/trompettes/claviers/tambours, ces jeux vidéos criards et cet ensemble de karaoké de la Reine des Neiges avec micro géant? Cette fois, admets-le, tu as été l’artisane de ton propre acouphène!
Avec tous ces bruits permanents, il arrive que tu aies l’impression de devenir un peu dingue. Ironiquement, parfois le silence tombe sur ta maison. Les enfants sont absents, ou aux prises avec un virus qui leur coupe toute envie de jacasser. Puis tout à coup, ce silence que tu as tant désiré pèse très lourd sur tes petites épaules de mère. Et tu ne rêves que du matin où leur tapage continuel te réveillera de nouveau à 5h53.
C’est très intéressant, mais quelle est l’explication de ces quatre types ?