Mon ex,
D’aussi loin que je me souvienne, nous n’avons jamais formé un couple particulièrement heureux. Si je ne garde pas moins de bons souvenirs de notre amour, dans les faits, nous nous sommes obstinés plus souvent que nous nous sommes aimés, à grands coups d’insultes qui blessent et de frustrations refoulées. Qu’on se le dise, nous n’étions pas faits pour être ensemble et toutes les fibres de notre corps se tuaient à le rappeler à l’autre jour après jour malgré les efforts ultimes que nous faisions pour recoller les pièces d’un casse-tête dont il manquerait la moitié des morceaux à jamais.
Pendant plusieurs années pendant lesquelles notre garçon est né et a grandi, nous avons fait des pieds et des mains pour nous convaincre que cet idéal que nous chérissions nous rendait heureux. Puis un bon soir, au bout de notre souffle, nous avons décidé d’arrêter de mener ce combat que nous avions déjà perdu plusieurs années plus tôt.
Et même si elle a fracassé mon cœur en milliers de miettes la première fois que notre fils a quitté mon appartement pour le tien, rien ne nous a jamais mieux réussi que notre séparation.
Jusqu’à ce que nos chemins se séparent, je n’avais pas réalisé à quel point tu aimais ton fils. À quel point, malgré notre histoire, il demeurait le centre de ta vie comme il demeurait le centre de la mienne.
Je ne savais pas que tu prendrais le temps de répondre à toutes mes questions et de me rassurer dans toutes mes inquiétudes quand notre fils serait loin de moi, au fil des années qui s’écouleraient.
Je ne savais pas que tu m’enverrais des photos sans même que je te le demande, que tu ferais un bricolage avec notre enfant pour la fête des mères ni que tu lui demanderais de m’appeler le jour de ma fête.
Je ne savais pas que tu pouvais passer des heures à jouer au Monopoly avec lui. Je ne savais pas que tu avais la patience d’attendre qu’il termine son tour après avoir compté le nombre de points sur son petit dé blanc pendant une éternité, ni celle de le regarder le pousser d’une case à l’autre en prenant soin de recalculer son parcours trois fois d’affilée.
Je ne savais pas que malgré le manque de sommeil d’une mauvaise nuit, tu pouvais enfiler tes runnings, empoigner son ballon de soccer et emmener notre garçon jouer au soccer pendant des heures sous la pluie pour qu’il se pratique et devienne le joueur étoile qu’il rêve d’être.
Je ne savais pas que tu savais faire cuire des pâtes ni cuisiner un pâté chinois et j’ignorais que tous les déjeuners de notre garçon étaient plus garnis de fruits qu’ils ne le seront jamais chez moi.
Je ne savais pas que la rentrée à la maternelle de notre fils rendrait tes yeux brillants ni que ton cœur pouvait à ce point se gonfler de fierté devant ses petites comme ses grandes réussites.
Je ne savais pas qu’un jour, tu serrerais la main de mon nouvel amoureux avec respect et reconnaissance, que tu le remercierais de prendre soin de notre fils ni que tu t’offrirais pour garder les enfants de notre famille recomposée quelques heures.
Je ne savais pas que notre fils aurait la chance d’avoir deux parents qui l’aiment et qui s’aiment et se respectent assez pour lui offrir bien plus que ce que plusieurs familles unies parviennent à offrir à leurs enfants.
Tu n’es certes pas l’homme de ma vie et je ne serai jamais la femme de la tienne, mais notre fils n’aurait pas pu rêver d’un meilleur père ni d’une famille plus unie malgré notre séparation.
Merci d’être toi.
Nous non plus on n’a pas réussi notre couple mais mausus qu’on a bien réussi notre séparation! Et on peut vraiment être fiers d’offrir à nos enfants l’exemple d’une relation de parents séparés qui se respectent pour leur bien! J’aime beaucoup ton texte.