Lancez-moi des roches, j’ai consommé cinq verres de vin pendant ma grossesse. J’ai mangé des sushis sans me priver. J’ai bu du café. J’ai craqué pour du saucisson.
Critiquez-moi, j’ai fait du sport en étant en cloque. J’ai fait fi du risque de chute et je suis allée skier alors que j’étais enceinte de trois mois. J’ai porté des charges plutôt lourdes sans prendre les précautions qui s’imposent. Je me sentais en forme et j’ai continué à vivre ma vie normalement, tout simplement.
Lynchez-moi, j’ai utilisé mon shampoing, mes crèmes et mon parfum habituel pendant neuf mois. Je n’ai même pas paranoïé une seconde sur les possibles effets de dangereux perturbateurs endocriniens sur la santé de mon enfant à naître.
À un moment donné, les interdits de la grossesse ont commencé à me gonfler gravement. Ce qui m’a le plus agacée, c’est que les autres se mêlent de ma propre sécurité (et de celle de mon fœtus). Au spa, j’ai envoyé balader l’employée qui m’expliquait que le jacuzzi n’était pas recommandé dans mon état et j’ai pris un long bain à remous relaxant à souhait. À la pharmacie, enceinte de huit mois et demi, j’ai failli étriper la jeunette qui m’expliquait qu’elle ne pouvait « rien me donner » alors que j’étais au bord de l’agonie sur son comptoir, subissant un rhume carabiné. En dépit de tous ses avertissements, je suis rentrée chez moi, j’ai fait une inhalation à l’huile essentielle d’eucalyptus et je me suis appliqué du baume du tigre pour pouvoir respirer à nouveau par le nez.
Les femmes enceintes peuvent-elles encore décider elles-mêmes de ce qui leur ferait du bien ou non ? La grossesse n’est pas une maladie, entend-t-on souvent. Il serait donc peut-être temps de foutre un peu la paix aux futures mamans et de les laisser gérer leur grossesse comme elles l’entendent.
Nous cultivons l’illusion d’une société archi-sécuritaire où le risque n’existe pas. Où les mamans pondront de beaux bébés joufflus sans aucun défaut génétique et au capital santé immaculé. Mais la réalité est tout autre. Le risque est inhérent à la vie. Les coups durs, la maladie, les accidents font partie de l’existence. L’attitude la plus mesurée et la plus prudente qui soit ne nous mettra hélas jamais à l’abri des mauvais sorts. À chacun-e d’entre nous de décider de la façon dont il/elle veut mener sa vie, en toute connaissance de cause.
Accepter le risque inhérent à la vie, c’est aussi se libérer du poids de la peur permanente qu’il nous arrive quelque chose, à nous-mêmes, comme à nos proches, comme à nos enfants. Nous ne contrôlons pas l’avenir. En prendre conscience est probablement un premier pas vers la sérénité. Et la sérénité est pour moi bien plus précieuse que le risque infiniment faible et hypothétique d’attraper une maladie rare en mangeant un morceau de saumon fumé.
Le seul truc qui dérange vraiment, ce sont les verres de vin. Il n’y a pas de seuil minimum de consommation d’alcool sécuritaire pour le fœtus pendant la grossesse. Je sais, tu vas me répondre que le bébé est né en parfaite santé malgré les cinq verres de vin. C’est bien tant mieux! Si ça n’avait pas été le cas, pas trop le temps de jeter la pierre non plus. Mais pourquoi donc prendre le risque pour un très misérable petit cinq verres de vin? Le jeu en vaut- il la chandelle?
Alors comme dans la vie il peut toujours arriver un accident, aussi bien faire des choses qui augmentent le risque qu’ils se produisent? Comme c’est possible que mon bébé souffre d’une maladie ou d’une malformation ou d’un retard de développement, aussi bien consommer des choses qui augmentent le risque d’en avoir? Oui un accident ça arrive. Et parfois malgré toutes nos précautions, ça arrive. Mais quand on PEUT et qu’on SAIT qu’il y a des façons de réduire les risques et qu’on ne le fait pas, je ne sais pas comment appeler ça? De la stupidité, mêlé à de l’égoïsme et de l’insouciance? Est-ce que vraiment le « bien » que ton verre de vin te procure est au-dessus du bien de ton bébé? Ce que je trouve vraiment dommage c’est que ton texte va possiblement influencer une future maman à se dire: ah bin si elle l’a fait, peut-être que moi aussi je pourrais. Sauf que cette maman-là peut-être que ça va avoir des conséquences sur la santé de son bébé. Pourquoi tu laisses pas la santé publique, qui se basent sur des faits et des données scientifiques pour établir des recommandations, faire leur travail de prévention auprès des mamans pis va donc donner un bisou à ton bébé qui est bin chanceux de pas vivre avec les conséquences des actes de sa maman au lieu de pondre un texte de même.
J’adore le vin également et je m’en permets une de temps à autres.
Une toute petite que je sirote précieusement et très lentement pour faire durer le plaisir le plus longtemps possible.
Je savais avant de tomber enceinte que je me laisserais tenter de temps à autre et j’en avais parlé avec mon conjoint, qui m’appuie dans ma décision et qui me soutient.
Pour ma part, je suis d’accord qu’il en faut prendre et en laisser. Cependant, faire certains sacrifices pendant 9 mois de mon existance pour donner toutes les chances au petit être qui se développe en moi, ça va de soi!
Donc, moi cet article de confronte un peu! Donnez la vie c’est aussi être responsable du bon développement de ce petit bout de vie, du moins sur quoi nous avons du pouvoir! Oui, je juge ces femmes qui ne tiennent aucunement compte des recommandations.