Je sais quel effet ça fait de dormir dans un lit vide, de serrer son oreiller fort fort dans ses bras en imaginant que c’est un homme. Je sais que l’on se sent seule quand l’unique personne à qui on parle dans la journée est le livreur de pizza et que les seules voix qu’on entend proviennent de la télévision. Je sais quelle jalousie on peut vivre en voyant un vieux couple à la crèmerie du coin, mangeant leur crème à glace en se dévorant du regard.
Je connais le manque qu’on ressent en ne pouvant pas souhaiter bon matin à un homme, en le regardant d’un œil coquin encore tout barbouillé par la nuit. Je connais la tristesse que l’on a quand on efface des émoticônes en forme de cœur à côté d’un numéro qu’on a si souvent composé. Et je connais aussi la peur irrépressible qui nous submerge en craignant de ne plus jamais vivre l’amour, la peur d’avoir comme nouvelle meilleure amie, une si grande solitude.
Je connais tout ça.
Je connais aussi l’ambiance dans laquelle on peut vivre quand on est dans un couple qui ne l’est plus. Je connais les moments de solitude à deux et les moments d’inquiétude en solo. Je connais l’effet que ça fait quand un homme doute de nous, je connais aussi la tempête que ça crée quand il avoue douter. Mais par-dessus tout, je connais cette petite voix qui nous met tout le blâme sur les épaules, qui nous accuse de ne pas avoir été ‘’assez’’. Maintenant, à notre tour de douter.
Je sais quel poids ça peut avoir, de penser que c’est nous le problème. Je sais quelle joie on peut ressentir quand l’homme nous ‘’donne une chance’’, le début de l’espérance ou bienvenue la décadence. Soit que l’on monte, c’est reparti pour un tour, ou bien on déboule, au revoir mon amour.
J’ai vécu le deuil d’un amour. J’ai déboulé, fort.
Je connais le champ de bataille avec la petite voix qui nous hante, elle tape si fort sur les têtes, la maudite. Je connais la peur en pleine nuit que tout se termine maintenant, d’être sur le qui-vive pour essayer d’être parfaite. Je connais très bien le doute qui s’immisce dans les cœurs, dans la tête et dans l’être au complet. Je connais les moments où on dit oui quand c’est non, les moments où on dit ‘’rien’’quand on a juste envie de pleurer dans ses bras.
Tu sais ma fille, ma mère, ma sœur, mon amie…
Je sais que tu as peur d’être seule. Peur de recommencer à serrer ton oreiller fort fort dans tes bras, peur de boire ton café dans ton salon inhabité et peur de recommencer à jaser au livreur de pizza. Je sais qu’à force de te faire taper par la petite voix, en plus d’avoir perdu l’amour de ta vie, tu as perdu l’amour de toi.
Je connais. Fuis!
Ne reste pas là. Si le goût d’avancer ne vient que de ça, fuis! Si le doute persiste à planer dans ta tête peu importe le déroulement de votre histoire, pars. Plus tu continues à laisser la petite voix s’acharner sur toi, plus difficile sera le combat. Quitte, maintenant. Choisis-toi. Peu importe l’amour qu’un homme peut t’amener, rien ne vaudra l’amour de toi. Respecte-toi. Si l’autre ne le fait pas, au moins il y aura ça.
N’oublie jamais que l’amour ça sert à pétiller et non à rajouter de l’eau dans ton Perrier déjà flat.
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