Une ligne apparaît. Ça fait longtemps que je l’attendais. Cette ligne balaie d’un coup toutes mes envies de spontanéité, d’abus, de folies. C’est ma nouvelle ligne de conduite. Le droit chemin vers la rectitude et la responsabilité. Cette ligne, c’est toi qui l’as engendrée. C’est toi qui me la dictes, tu es maintenant ma petite voix intérieure : « Maman, ne m’oublie pas. Je suis bien là ». Ta voix d’amour et de raison remplace la mienne, mon ange.
Maintenant, je te consulte avant toute chose. Même que tu t’imposes, heureusement. Tu biaises toutes mes décisions, tu altères mon jugement, tu influences mon discernement. Ma petite voix m’ordonne la sobriété, m’apprend la modération. Tu es mon maître et je me soumets à tes enseignements basés sur le seul espoir de tenir ta petite main bientôt. Je déteins, je deviens pâle derrière le voile d’amour dont tu me couvres. L’idée de te prendre dans mes bras aveugle tous mes désirs d’être seule. Je suis deux maintenant. Je me métamorphose. Tu m’habites.
Dès que j’erre dans la nuit, que j’effleure les parois du sommeil, toutes mes pensées s’abandonnent à toi par défaut. Je t’imagine. Je perds tout mon temps à penser à toi, mon ange. Le présent n’existe que dans le futur. Le Temps t’appartient. Tu t’es emparé de ma logique. Je suis sous ton joug. Mais il y a ta petite voix qui me suit encore partout, qui me chuchote à l’oreille que tu m’aimes déjà et que tu es bien.
La femme que j’étais s’efface au profit de la maman que je deviens, que tu m’apprends à être au fur et à mesure que tu grandis. Mes sens sont engourdis, ma faim patiente en gargouillant, mon image s’est ramollie, ma voix, adoucie. Tu me tricotes de nouvelles peurs au fil du temps. Mes anciens rêves se fanent, tu m’en implantes de nouveaux. Je m’archive. Je renais.
Maintenant, je n’existe qu’à travers toi.
WoW! La poésie d’une nouvelle vie…