Toi pis moi, on s’est séparés parce que t’as été infidèle. Pas une infidélité d’un soir, non non. La grosse affaire. Le pire dans tout ça, c’est qu’à cette époque, j’ai été assez naïve pour croire que je pouvais te pardonner et tout effacer. Je me suis rendue à l’évidence assez rapidement que je ne pouvais plus te toucher, ni même te regarder de la même façon qu’avant. Ça fait que j’ai pris mes cliques et mes claques et je suis partie. Je suis partie sans faire de vagues, sans faire de trouble. Et aujourd’hui, je me rends compte que j’aurais peut-être dû en faire.
J’aurais peut-être dû parce que je réalise que je suis la seule à faire des efforts. Pour notre relation de parents, pour le bien de notre enfant. Plus le temps avance, plus tu te déresponsabilises, plus tu te volatilises. Tu mènes ta vie à grands coups de décisions impulsives sans même penser aux besoins de ton enfant. Tu prévois ta vie future sans même l’impliquer dans ta ligne du temps. Sans culpabiliser. Ça te tente plus d’être un ex, ça ne te tente plus d’être un père. Et ont le ressent depuis déjà trop longtemps.
Tu chiales sur tout. Trop de choses à acheter, trop de pensions alimentaires à donner. Trop de devoirs compliqués, trop de routine stressante qui te porte à oublier. Trop de journées pédagogiques dans le calendrier, trop de congés forcés à moucher son nez. Pis moi, je continue d’expliquer, de comprendre, de me sentir coupable de demander, d’avoir pitié de tes difficultés. Je continue même d’hésiter à t’imposer ton propre enfant.
Ça fait qu’aujourd’hui, dans notre processus de médiation, je suis découragée. Même si, mis à part ce qui concerne notre enfant, je renonce encore une fois à tout ce dont j’aurais le droit, toi tu chiales. Tu chiales parce qu’un enfant, ça ne devrait pas coûter pas autant. C’est sûr que ce n’est pas évident d’évaluer le coût d’un enfant quand on en a la garde seulement quelques jours par mois. Quand on ne magasine pas le nécessaire ni même les articles scolaires. Tu chiales parce que je devrais demander moins, et accepter plus. Parce que je devrais voir tout ce que tu m’as déjà donné dans le passé. Tu te fâches parce qu’être celle qui retire dans un processus de séparation, tu ne trouves pas ça honnête. Sauf que l’infidélité non plus ça ne l’est pas et je ne t’achale pas avec ça.
Ça fait qu’aujourd’hui, en plus d’être la femme blessée, trompée, qui tente du mieux qu’elle le peut de maintenir une relation parentale saine pour le bien de son enfant, j’y repense. Je me dis que depuis les dernières années, le trouble c’est toi qui l’as créé. Et avoir su qu’être conciliante ferait en sorte que plusieurs années plus tard, c’est encore nous qui écopons, j’aurais fait les choses autrement. Je réalise que pour sauver nos cœurs de tout cet espoir finalement inutile qu’un jour tu sois un père impliqué, du trouble, j’aurais peut-être dû en faire.
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