Ma belle amie,
Il faut que je te confie quelque chose. Quelque chose dont je ne suis pas super fière. Mais voilà, je dois te l’avouer, me l’admettre à moi-même. Des fois, ton enfant me tape sur les nerfs.
Je m’étais pourtant fait des beaux scénarios quand nous étions plus jeunes. T’sais, ceux qui disent que nos enfants seront aussi tissés serrés que nous et que chacune de nos réunions amicales sera ponctuées de plaisir, de complicité et de moment faciles.
Au début, le scénario était sensiblement respecté : entre leurs gazouillis et leur horaire de bébé, même si des fois ça rendait les conversations moins profondes et plus entrecoupées, ton enfant était le parfait prolongement de toi et je l’aimais au centuple parce que c’est toi, mon amie, qui l’avait créé.
Toutefois, après quelques années, les choses se sont un peu corsées. Toi, fidèle à celle que j’avais fait entrer dans ma vie, tu es restée mon amie, ma complice et mon alliée. Par contre, je n’avais pas prévu que ton chérubin chéri allait se mettre à me taper sur les nerfs. La première fois que j’ai ressenti ce sentiment, je t’avoue que je me suis détestée solidement. Mais malgré mes efforts, il ne s’est plus jamais dissipé.
J’ose me permettre de penser que tu ne t’en rends pas compte. Du moins, je l’espère. À chacun de nos moments partagés, je déploie en moi tout ce que j’ai de patience et d’efforts pour ne pas laisser transparaître mon impatience envers lui. Parce que toi, je t’aime vraiment de tout mon cœur. Parce que, même si je ferais les choses parfois différemment avec lui, je pense que tu fais tout ce que tu peux pour lui donner le meilleur de toi-même et que je trouve que malgré tout, t’es une maman formidable, vraiment.
Je tiens toutefois à te rassurer ; je ne déteste pas ta douce progéniture. Non pas du tout. C’est juste qu’il vient souvent me chercher avec ses exigences, son manque de tact et sa manie de tout casser quand il vient chez moi. Je t’avoue que je ne trippe pas non plus sur le fait qu’il refuse toujours de partager avec le mien et le fait qu’il ait tendance à ridiculiser les goûts de mon propre enfant. Je suis quand même capable de lui reconnaître de belles qualités, ne t’inquiète pas. En plus d’être beau comme un cœur, il lui arrive fréquemment d’être vraiment attachant.
C’est juste que des fois, je te trouve patiente. Vraiment patiente
À travers de nos rencontres, je me suis donc résignée. Je n’ai clairement pas le talent pour composer de beaux et clichés scénarios. J’ai dû laisser tomber mes rêves de petite fille dans lesquels nos deux clans réunis ne formeraient qu’un. J’ai finalement décidé de m’accrocher aux « ici et maintenant » et de profiter autrement de ces moments que l’on passe ensemble.
Oui, des fois ton enfant mon amie, il me gosse. Mais j’ai remarqué que dans tes yeux, des fois, c’est le mien qui te tape sur les nerfs. Et pourtant, toi aussi, t’es encore là.
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