sad woman crying

J’aurais voulu être la femme de ta vie, toi, le père de mon enfant

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J’aurais voulu être la femme de ta vie. J’aurais souhaité être celle qui te fasse vibrer jusqu’à la fin. Celle avec qui tu puisses t’épanouir tout au long de ta vie et qui puisse continuer d’être la cause du pétillant dans tes yeux. J’aurais voulu que nos défauts respectifs fassent de notre amour une relation qui perdure, que l’on sache se pardonner nos erreurs et que l’on continue d’être l’équipe du tonnerre que l’on se vantait d’être. J’aurais voulu continuer de te trouver sexy dans ton vieux boxer gris le lendemain d’une dispute. J’aurais voulu continuer de lire le désir dans tes yeux. J’aurais voulu être celle avec qui tu puisses jouer au backgammon en maison de retraite juste après s’être remémoré nos souvenirs sur une plage en Floride.

Je m’excuse.

Je n’ai pas su te rendre heureux comme tu le souhaitais et surtout, comme tu le méritais. Je n’ai pas pu te démontrer tout l’amour que j’éprouvais pour toi car, je l’avoue, je t’ai pris pour acquis. Je n’ai pas porté attention à l’importance de raviver la flamme ni à tes demandes de le faire. Je me suis abandonnée et, du même coup, je t’ai abandonné aussi. Je me suis oubliée pour donner tout mon amour à notre enfant. J’ai tout misé sur elle et je me suis dit qu’être une maman parfaite suffirait. Je suis entrée dans la bulle de maternité, une bulle où mon enfant était devenu ma seule priorité et je n’ai pas su te laisser la place qui te revenait. J’ai arrêté de prendre soin de moi, que ce soit physiquement ou psychologiquement.

Lorsque tu m’as connue, j’étais femme. Jolie, sexy, intelligente et je pétillais. Honte à moi, je me suis fait avoir. Les deux pieds dans la bulle, je me suis carrément oubliée. Je suis devenue fade. Sans but, autre que le bonheur de notre enfant, j’ai fui la femme que j’étais et je me suis égarée dans mon rôle de mère. Je me suis perdue.

À coups de sommeil perdu et de contrats de travail qui ne finissent plus, à coups de routine qui s’ancre et de mère qui s’oublie, notre couple s’est mis à s’éteindre et j’ai joué à l’autruche. Je l’ai laissé dériver sans trop y porter attention car le plus important, pour moi, à ce moment-là, était la sécurité, la santé et le bonheur de notre enfant.

Maintenant que nous deux, c’est fini., je me retrouve face à moi-même. Je me retrouve vraiment. Je retisse tranquillement des liens avec la femme que j’étais. Je mets de côté mon rôle de mère  grâce à cause de la garde partagée et je dois l’admettre, étrangement, le fait que tu m’aies quittée est la meilleure chose qui ait pu m’arriver à ce stade de ma vie.

Je m’épanouis, j’écris, je change de métier et je maigris. Je recommence à me trouver belle et mon cerveau est stimulé autrement que par des sessions de chatouilles et de changements de couches. Je réapprivoise le sentiment de pétillement que j’avais jadis et je redonne de la place à mon bonheur à moi, mon bonheur de femme et non de mère.

Je ne regretterai jamais d’avoir mis au monde la plus belle chose de l’univers entier. Je ne regretterai jamais d’être devenue mère, je le souhaitais depuis si longtemps. Jamais au grand jamais, je ne mettrai la faute de l’échec de notre couple sur le dos de notre princesse. Si j’ai perdu l’amour de ma vie, c’est ma faute. J’ai donné de l’importance à un bijou qui en valait plus que la peine. Mais je regrette d’avoir laissé pour compte mon autre trésor. Toi.

C’est ironique la vie. Parfois, je me dis que si c’était un film, nous aurions pu couper au montage cet épisode pendant lequel j’étais partie loin de toi et reprendre à ce moment précis où je mange du bonheur à la cuillère. Peut-être bien que le pétillement dans tes yeux serait toujours là.  Peut-être bien que les boîtes que je suis en train de faire, pendant que notre princesse dort, auraient servi à faire de la place à son petit frère conçu à grands coups d’amour dans tes boxers gris.

J’aurais voulu…

 

Crédit : Stokkete/Shutterstock.com

Margaux Mackay

Maman d'une mademoiselle de bientôt deux ans (ça passe trop vite) voila mon premier rôle dans la vie. Outre ça, je suis une ancienne éducatrice à l'enfance qui s'est malheureusement aperçue qu'elle brûlait sa patience sur les enfants des autres car elle n'avait plus la vocation. Trente ans, le temps de bilan. Je me réoriente et je suis présentement étudiante en secrétariat. Je vise les commissions scolaires (j'aime trop les enfants!). L'écriture est pour moi un exutoire. Récemment séparée, j'en ai besoin ! C'est avec fierté et pure bonheur que je joins l'équipe de La Parfaite Maman Cinglante.

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1 Comment

  • Votre poeme est sublime, j’en pleure à le lire tellement il est beau et que, malheureusement , me correspond aussi…
    Je me suis également perdu dans mon rôle de père, et ai perdu de vu le deuxième trésor de ma vie, qui à une époque était le premier. Moi aussi à coup de fatigue, de course éffrénée, de vénération pour mon enfant, j’ai peu à peu mis de coté la femme qui faisait ma vie, qui l’illuminait et qui m’avait donné un but et fait comprendre le vrai sens de la vie et ce que signifiait l’amour. Qui m’a montré comment on aimait quelqu’un…
    Tout comme vous, ce n’est que maintenant que j’ouvre les yeux, que je reprends contact avec la personne que j’étais et essaye d’apprendre de mes erreurs..
    Je me suis totalement retrouvé dans votre poeme, il exprime tout ce que j’ai fait, ou pas fait, et tout ce que je ressens actuellement… Je vous remercie de l’avoir écrit, je vais le relire très souvent, et m’en servir pour ne plus jamais commettre l’erreur que j’ai commise : oublier que l’amour se partage et se cultive à deux, meme dans la course qu’est la vie de famille.
    Lire votre poème aura été un électrochoc pour moi, et parlant de votre vécu et de vos sentiments, je me suis retrouvé..
    J’espère que vous êtes sur la voie du bonheur et que vous vous pardonnerez, on m’a dit qu’il fallait le faire si on voulait avancer..
    De tout coeur encore, merci…

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