Quand t’avais pas d’enfant, tu t’imaginais que tu deviendrais cette mère, qui mène de front sa carrière et sa maisonnée. Celle qui organise des fêtes thématiques, des décors de chambre d’enfant Pinterest, qui mange bio et bla bla bla. Ben quoi, tu étais jeune et pleine d’énergie. Pourquoi ça changerait avec la venue d’un enfant?
Tu ne comprenais pas pourquoi ta chum, pourtant si douce, perdait maintenant patience pour une niaiserie devant son nouveau-né. Toi ça serait différent. La preuve, tu étais tellement zen quand tu gardais ses enfants, t’sais. En plus, comment était-ce possible de s’emporter devant un gentil bébé souriant? Et pourtant, fille.
Tu te disais aussi que tu jouerais beaucoup avec tes enfants, que tu organiserais des jeux, tous plus stimulants et éducatifs, les uns que les autres. Toutes tes années de gardiennage serviraient enfin à quelque chose. En plus, de l’imagination, t’en avais à revendre. Mais…
Ensuite, élever la voix, toi fille? J-A-M-A-I-S! Tu savais très bien que ce n’était pas pédagogique du tout! Tes années d’études te l’avaient bien démontré et t’étais bien préparée à devenir mère. Tu lisais beaucoup sur le sujet. Et pourquoi répéter sans cesse la même chose? Si c’était expliqué clairement dès le départ, les parents sauveraient tellement de temps. Donc…
Et le jour que t’es devenue maman est arrivé. Une fois, deux fois. Chaque fois, tu étais folle de joie, mais de plus en plus fatiguée. Tu t’es vite rendu compte que malgré toute ta bonne volonté, tu ne possédais plus l’énergie nécessaire à tes grandes visées en matière de maternité. Tu perdais même patience pour un rien, le manque de sommeil n’aidant pas et tu te tannais vite des mêmes jeux plates, que tes enfants, EUX, adoraient. Tu ne souhaitais pas non plus organiser de grosses fêtes d’anniversaire, mais plutôt rassembler tout le monde une seule fois et ne plus en entendre parler par la suite. Tu as compris que malgré toute la pédagogie enseignée dans les livres, un enfant n’écoute pas du premier coup. Il faut répéter et répéter et c’est difficile de le faire sans crier.
À un moment donné, tu t’es arrêtée devant le miroir et tu t’es regardée. Tu ne reconnaissais plus la fille, qui jadis avait imaginé un si beau modèle de maman.
Ne te condamne pas trop vite, fille. Tes enfants, tu les aimes plus que tout. Ça se voit quand tu les regardes les yeux remplis de fierté, quand tu souris en pensant à eux, quand tu les serres dans tes bras. Tu n’as pas besoin d’être sur la coche pour être une bonne maman. Tu n’as qu’à aimer et te laisser aimer.
Sois indulgente envers toi et sache qu’à mes yeux, tu es une maman parfaite.
On est si dures envers nous-mêmes…