Je suis désolée, toi mon autre enfant, de moins t’aimer.
À ta naissance, étant tout juste remise de celle de ton aîné, je ne t’ai pas assez donné de temps ni tout l’amour que tu aurais mérité. Pourtant, dès le premier regard que nous avons échangé, je t’ai adorée.
Les années se sont écoulées, tu as été une enfant plus difficile, plus exigeante, plus épuisante. Pourtant mon désir de t’aimer autant était présent, il l’est encore aujourd’hui aussi. Mais il a alors été plus difficile de t’aimer.
Lors de tes innombrables crises, alors que ton frère pleurait rarement, lorsque tu ne dormais jamais et demandais tellement d’énergie, que tu me repoussais à grands coups pour jouir de la vie, il était plus facile d’aimer ton frère impassible et calme que de t’aimer.
Puis tu as grandi et je suis devenue celle avec qui tu étais en compétition. Tu t’es mise à te dénigrer en disant avec peine que tu ne réussissais pas aussi bien que maman même si je ne te demandais jamais d’être la meilleure dès le premier essai. Tu me repoussais en pleurant et en criant mon nom et tes pleurs me faisaient mal. Tu demandais sans cesse mon attention.
J’ai toujours été plus dure avec toi, exigeant toujours plus de toi, essayant de te rendre plus forte, plus autonome; je t’ai fait un beau cadeau puisque tu es déjà débrouillarde, mais je vois dans ton regard que tu préférerais que je sois plus souple, plus douce.
Mais ce que tu ne sais pas, mon enfant, c’est que si j’ai tant de difficulté à t’aimer comme il se doit, c’est que je me vois en toi. À travers ton caractère difficile, tes sautes d’humeur et ta forte personnalité. Je sais reconnaître que tu possèdes une extraordinaire imagination, tu es rayonnante, avenante et que ta passion et ton grand sourire te rendent tellement belle lorsque tu es heureuse. Mais tes conflits intérieurs peuvent en un instant tout balayer et te rendre malheureuse. Je vois le chemin que tu prends et je sais qu’il sera tout autant difficile pour toi à parcourir qu’il l’a été pour moi, alors je tente maladroitement de te protéger.
Je t’aime profondément, mais difficilement.
Tout ce que tu désires, ce n’est que d’être aimée, et je ne sais comment bien de te le donner, car vois-tu ma fille, et ne t’en rends jamais responsable puisque c’est moi la maman qui a tous les torts, il m’est difficile de t’aimer autant que ton frère, et ça, ça me déchire à l’intérieur.
Malgré tout, je te promets de travailler sur moi-même, de créer des moments mère-fille de rapprochements et d’aller consulter s’il le faut parce qu’il n’est pas question qu’un jour tu me reproches de t’avoir moins aimée ou que tu ressentes la douleur des cicatrices de mon passé que je t’aurai léguées.
Je t’aime mon enfant.
Je vis la même chose mais avec mon aînée. J’ai 2 autres enfants qui sont calmes et l’ambiance est complètement différente quand ma grande n’y est pas… On travaille tous à améliorer la vie de famille mais la principale intéressée, qui est rendue à un âge où elle pourrait le faire aussi, refuse de changer et nous payons tous. Thérapies familiales, efforts… Il ne faut pas lâcher mais j’en suis venue au même constat que toi.