L’entends-tu le tic-tac de l’horloge? Sept heures et demie s’en vient. Ton temps d’adulte arrive. On va se dire les vraies affaires, y a des jours où tu rêves à cette heure-là dès ton réveil. T’sais, des journées difficiles, éprouvantes, on en a toutes. Pis même si tu les aimes plus que tout tes p’tits, tu as parfois (souvent) hâte que sept heures et demie sonne et que ça se couche cette marmaille-là.
Sept heures et demie. Parce que biologiquement, c’est l’heure à laquelle ta patience te lâche. C’est là qu’elle t’abandonne. Ciao. Bye. À demain. T’as même pas besoin de regarder l’heure. Tu l’sais.
Sept heures et demie. Ça te laisse juste assez de temps pour avoir l’impression de profiter un peu de ta journée, d’avoir un peu de temps à toi avant d’aller toi-même rejoindre les bras de Morphée en courant. Ça te laisse du temps ou ben pour la télé, ou ben pour jaser au téléphone avec ta chum, ou ben pour t’effoirer sur le divan ton verre de rouge à la main…ou ben même pour plier une p’tite dernière brassée tranquille… Tu peux en profiter pour faire ce que tu veux, peu importe… mais ça te laisse du temps d’adulte.
C’est comme ça que j’appelle ça moi, du temps d’adulte. T’sais, cette denrée rare et précieuse qui fait que tu peux garder ton équilibre mental à court terme, ce moment de grâce en fin de journée où tu te retrouves seule et/ou juste entourée d’adultes, dans le calme et/ou le silence. Ce moment où tu n’as que tes propres besoins à combler et/ou peut-être ceux de ton chum…
Ça fait que dès que bébé a autour d’un an, tu te retrouves dans une belle routine de dodo stable et établie qui peut durer plusieurs mois et souvent même quelques années. Ça fait partie de ta vie d’avoir un peu de silence le soir. C’est comme de l’acquis. Tu penses que tu vas rouler d’même toute ta vie.
J’ai malheureusement des p’tites nouvelles pour toi. Je préfère te le dire parce que moi, personne ne m’avait avertie. Profites-en bien fille, de ton temps de lousse, parce que ça vieillit ces p’tites bêtes-là, et un jour, sans que tu l’aies vu venir, BANG, ça se couche pu à cette heure-là. Rien à faire. Ça commence sournoisement par une p’tite demi-heure la fin de semaine pis sans trop savoir comment, ça dégringole. Pis laisse-moi te dire que ça va vite pis que ça va loin. Comme si du jour au lendemain, subitement, leur besoin de sommeil chutait drastiquement. De même. Tout d’un coup. Sans avertissement. Mais toi, ta patience maternelle s’éteint toujours à sept heures et demie. Toujours.
C’est donc des années de soirées frustrées qui t’attendent. Des années à chercher ton temps d’adulte dans le calme et dans le silence. Des années à te demander comment faire pour allonger tes heures de patience. Des années à chercher un peu d’intimité avec ton chum, autant dans tes conversations que dans tes actions. Des années à courir après ta queue comme un chat pas d’tête en espérant l’attraper ce petit instant de paix en fin de soirée. Mais tu peux courir tant que tu veux, tu vas user le plancher avant d’y arriver.
Ça fait que avant d’être rendue là et de rêver silencieusement au jour où la chair de ta chair partira en appartement, savoure-le ton sept heures et demie ma chère. Savoure-le pendant qu’il est encore là. Parce que j’te l’dis moi, c’est pas de l’acquis fille. C’est ben temporaire.
Mais non!!!! C’est la que le temps calme de lecture arrive dans leur vie!!!! Et le temps d’adulte est maintenu! Magie!