Vous vivez dans votre maison depuis déjà un bon bout. Plus les années passent, plus les enfants grandissent, grossissent et prennent pas mal plus de place. Ton homme pis toi vous rendez compte que, malgré tous vos efforts de maximisation de l’espace en collaboration avec votre ami IKEA, vous ne pouvez malheureusement pas inventer de l’espace. Ça fait que, par un superbe après-midi de février, vous décidez de vendre pour aller dans plus grand. Jusque là, y’a pas encore de problèmes et/ou de complications liés au déplacement de la famille. Tu discutes un peu de tout ça avec ta marmaille en leur faisant miroiter une super top chambre vraiment plus plus grande qui va pouvoir contenir plein de jouets et dont ils pourront être maîtres décorateurs (sous approbation parentale bien entendu parce que l’enfant d’âge préscolaire n’a que très peu, voire aucune compétence en décoration potable).
Tout semble sous contrôle et la plus vieille est ben contente d’avoir pu choisir un magnifique rose nanane pour sa future chambre de princesse. Maintenant, vient l’étape de la vente de ladite maison. C’est précisément à cette étape que tu te rends compte que c’est beaucoup plus complexe que ce que toi et père indigne aviez imaginé. Juste jongler avec la vie de tous et chacun, le ménage et les visites qui n’en finissent plus relève du cauchemar. Trouver une place où bouger tout le monde durant chaque visite nécessite beaucoup d’organisation et surtout, surtout, de patience. Oui, parce que enfant et propreté ne sont pas vraiment deux mots qui s’accordent joyeusement, et ça, tu le sais. C’est quand même pas vrai que tu vas avoir passé trois heures à tout frotter pour scraper ça avec des jouets, pis des traces de petits doigts collants un peu partout, t’sais! Donc, vous mangez en quatrième vitesse et fuyez hors de la propriété avant l’arrivée des visiteurs.
Après ce qui t’a semblé une danse interminable de négociations entre toi pis ton acheteur, vous êtes fin prêts pour le jour D (déménagement). La dernière fois que t’as déménagé, c’était pour t’installer dans la maison que tu viens de vendre et t’étais seule avec ton homme, ce qui rendait les choses d’une simplicité désarmante en comparaison avec ce que tu vis présentement. À l’époque, vous aviez treize boîtes, un lit pis un divan. Au fil des années, vous avez accumulé beaucoup de choses. Sans compter les cossins des enfants, les meubles que t’as pas été capable de vendre sur Kijiji, pis toutes les patentes que vous avez achetées pour que les enfants jouent dehors, allant des vélos aux petites voiturettes, en passant par les quarante-douze petits sets de golf en plastique du Dollarama que t’achètes d’année en année parce que tu te rappelles jamais que t’en possèdes déjà.
Soixante-deux boîtes plus tard, ton char est tellement paqueté que y’a même du stock dans les portes ainsi que sur vous autres; t’sais les « deux-trois niaiseries » qui restent quand tu fais ton dernier check-up?
Et là, toi, ton homme pis ta marmaille débarquez finalement dans la nouvelle maison. Enfin. Ou plutôt au secours.
Tout ce qui à été paqueté doit maintenant être dépaqueté. Les enfants (tu te rends maintenant compte que c’était de la naïveté à l’état brut de penser que ça serait zen de déménager avec eux) courent partout, s’obstinent pour savoir qui aura quelle chambre en plus d’essayer de placer des affaires pour vous « aider ». Ce faisant, toi et ton chum devez travailler en double.
À huit heures du soir, vous constatez que vous avez survécu à votre journée infernale et il est maintenant le temps de se mettre au lit. C’est là que survient une chose que t’avais vraiment pas envisagée : la panique de la nouvelle maison. Bien que préparés mentalement des semaines à l’avance par toi, chère maman prévoyante et avenante se souciant du bien-être mental de sa progéniture, tes enfants se trouvent dans ce nouvel environnement qui leur est tout, sauf familier et rassurant. Ils pleurent un peu d’ennui et de peur. Tu essaies des les rassurer et de les réconforter. Quand ils finissent par s’endormir, épuisés de leur journée interminable, tu décides que le reste des boîtes peut ben attendre le lendemain et d’aller apprivoiser ta nouvelle chambre et surtout (surtout) ta douche.
C’est à ce moment que ça te frappe. Fort en plus. Tu te dis qu’au fond, tu les comprends tes mousses parce que tu te sens un peu triste toi aussi. Oui, parce que ton ancienne maison, celle qui est maintenant habitée par une nouvelle famille, elle a vu naître tes bébés. Elle les a vus grandir aussi. Elle a vu toutes les premières fois. Elle a vu la mort vous affecter, la peine et les moments difficiles, mais elle a surtout été témoin des joies, des rires, des Noëls, des anniversaires et de tous les autres beaux moments que vous y avez vécus. Et là, tu comprends tes enfants parce que toi aussi, elle t’est peu familière et certainement peu rassurante cette nouvelle demeure.
Mais tu te consoles en te disant que ce n’est pas l’endroit qui fait le bonheur, mais les gens qui y vivent et que vous allez bientôt créer une multitude de nouveaux souvenirs partagés pleins de beaux moments. Et vous ferez de votre foyer un nid douillet qui deviendra, au fil du temps, aussi réconfortant que cette maison qui a connu les premières années de votre famille.
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