Mon gars, laisse-moi te présenter le dark side principal de ta mère.
Un jour, une puissance supérieure a inventé l’impatience et ensuite, elle lui a recommandé de se trouver quelqu’un dans qui habiter. L’heureuse élue, ben c’est moi. Mam’zelle impatience est ben confo au fond de moi faut croire parce qu’il n’y a pas un seul livre de développement personnel qui réussit à m’en débarrasser. Ni des outils reconnus tels que le fameux lâcher-prise, la méditation ou l’acceptation, rien. Alors tu l’auras appris en grande primeur, je suis l’impatience.
Je ne sais donc pas à quel moment durant ma grossesse la naïveté m’a pognée assez fort pour que je réussisse à me convaincre que mon impatience allait prendre le bord en même temps que le placenta à ta naissance.
Si j’t’en parle, c’est parce que l’autre soir, t’étais à boutte mon bébé d’amour. Ton dentier en construction a décidé que la nuit de mardi passé n’était pas nécessaire à ton bien-être. Tu étais ben frustré et même les balades au top de ton palmarès ne faisaient plus leur job, c’est-à-dire t’endormir paisiblement en dix minutes top chrono. De mon côté, malgré que ma bouche ne soit pas en chantier comme la tienne, j’avais aussi ma journée et mes hormones (détail à ne pas négliger) dans le corps. Ça fait que la trentième fois que j’me suis levée, non, je n’ai pas gambadé pour me rendre à ta chambre. J’me suis rendue avec les yeux pis les pieds pesants, je t’ai pris pour te bercer et tu t’es finalement endormi au bout de longues minutes (lire ici, deux heures).
Toi, tu n’as rien vu. À tes yeux, rien n’a changé. Je suis restée la maman douce, calme, attentionnée qui scrape intensément Frère Jacques, mais qui se mérite un Oscar pour l’interprétation, ta mère si réconfortante que tu as dans la face depuis maintenant sept mois.
Moi, de mon bord, j’ai vécu un moment atroce : j’ai perdu patience envers toi, mon gars. Malgré que je sois restée calme, ça bouillait en dedans de moi, j’étais fâchée que ce soit aussi long, frustrée de ne pas avoir pu fermer l’œil encore, jalouse de Papa qui ronflait (oui, je l’ai su par la légère vibration dans le plancher de ta chambre), impuissante de ne pas pouvoir te soulager et fatiguée, tellement fatiguée.
Cette nuit-là Poupou, tu as fini par t’endormir pis moi, au lieu d’en profiter pour faire pareil, ben j’ai braillé de culpabilité pensant que c’était pas normal pour une nouvelle mère de ressentir une émotion négative comme celle-là envers son poupon d’amour. Parce que cette option-là, je ne l’avais jamais considérée. Jamais.
Le lendemain matin, à ton réveil, tu m’as regardée droit dans mes yeux pochés puis tu m’as souris. J’ai compris que tout était correct, que je m’inquiétais pour rien. Je suis pas sans savoir que ce n’est pas la première ni la dernière fois où je manquerai de patience, t’sais. Y’a des trucs ben pires qu’une percée de dent. « T’as encore rien vu! » me répètent les mamans expertes.
Ben ce soir-là, j’aurais aimé qu’un comité de ces mamans expertes m’attende à la sortie de ta chambre, qu’elles me prennent dans leurs bras en riant un peu de moi pis de mon intensité et me réconfortent. Qu’elles me regardent à leur tour dans les yeux (ben pas toutes en même temps parce que t’sais, c’est beaucoup d’yeux) et me disent qu’y a rien d’plus normal qu’une humaine maman qui, parfois, manque de patience envers son bébé.
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