Je t’ai vue douter, j’ai vu ton regard lorsque le petit + est apparu devant tes yeux. Un regard paniqué, triste et en une seconde, ton monde s’est écroulé. Il est interdit de ne pas être contente dans ces moments-là….. Inacceptable de ne pas vouloir de ce petit bout d’ange qui pousse au fond de toi. Inavouable de savoir que tu ne serais pas une bonne mère, une de ces mères parfaitement parfaites que tu vois partout, qui chérissent chaque nausées matinale, chaque crampe qui les empêche de se lever pendant des heures, chaque mal de dos, mal de cheveux, chaque livre prise durant leur grossesse si désirée.
Je t’ai vue douter, mais pour toutes celles qui n’auront jamais la chance d’avoir un enfant, tu te dois d’être en émerveillement constant devant les maux qui toi, ne te rendent pas heureuse, ne te font que redouter le moment ultime où tu auras atteint le point de non-retour.
Je t’ai vue douter. Tes doutes sont pour lui, seras-tu assez bonne, assez patiente, assez aimante? L’aimeras-tu comme chaque enfant mérite de l’être? L’aimeras-tu à chaque instant, chaque minute et à jamais? L’aimeras-tu ?
Tu as voulu te convaincre, tu l’as cru. Toutes les mères ne ressentent-elles pas ce coup de foudre, cet amour infini, inconditionnel qui les touche la première fois qu’elles posent les yeux sur cet être minuscule qui est le leur?
Et bien non, pas toujours.
Après tant de souffrances, tant d’attente, tant d’heures à pousser. Il était là, le monde à sa portée. Un père aimant, une famille pleine d’amour. Il était beau, tellement beau. Où était donc cet amour promis? Tu ne sentais qu’un vide. Un épuisement infini.
Je t’ai vue douter, quand tu n’as pas supporté l’accouchement, quand tu n’as pas su allaiter. Quand tu n’as pas réussi à calmer ses pleurs. Les jours et les nuits alors qu’il ne dormait jamais, où il souffrait de coliques qu’ils disaient. Tes doutes se confirmaient sur ta capacité à être mère, à t’en occuper ou même à l’aimer…
Je t’ai vue douter, prête à abandonner, à tout quitter. Tu le berçais depuis des heures, des jours même des semaines à tenter de le calmer. Tu voulais tant lui enlever sa douleur. Savoir comment faire. Tu as pleuré. Il s’est arrêté de crier. Il t’a regardée de ses yeux si beaux, et puis il a souri. Un petit sourire, un éclair. Un coup de foudre dans la nuit. Et tu as su. Compris ce qu’elles disaient toutes, sur cet amour infini. Ce coeur qui se remplit. Cet amour inconditionnel. Tu as su ce que c’était d’aimer et que rien ni personne ne pourrait plus te l’enlever. Ça t’a pris plus de temps que les autres, mais ton amour est aussi fort, aussi vrai et aussi beau que les autres.
Sache seulement que tu avais le droit de douter.
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