Je suis une féministe. Pas une féministe sans nuances, qui voit les hommes comme des bourreaux et les femmes comme des pauvres victimes sans moyens, en tout cas pas dans notre coin du monde. Non, je soutiens simplement que les femmes sont capables des même choses que les hommes, tout comme les hommes sont compétents dans les domaines traditionnellement féminins.
J’aime mon homme, mais quand je mène seule la barque familiale et lui quémande constamment de l’aide, je me demande si nos filles voudraient mener cette vie. Qu’on veuille l’admettre ou non, la famille est une responsabilité qui repose majoritairement sur les épaules des femmes, même si elles travaillent. Encore plus désolant, on minimise souvent le discours de celles qui le dénoncent, on les traite de chialeuses….
J’aimerais donc, Messieurs, vous voir dépasser les clichés et apporter votre support à travers chacun de vos gestes. En apprenant à vos filles à passer la tondeuse, en les impliquant aux travaux manuels et à vos loisirs. Mais également en enseignant à vos fils à faire la lessive, préparer les repas et faire des tâches ménagères.
J’ai espoir de vous voir déconstruire à travers votre rôle de papa les idées préconçues, telles que « C’est plus facile pour la femme de s’occuper de bébé parce qu’elle l’a porté ». Parce qu’en réalité, la seule chose sur laquelle elle vous devance, c’est le lien d’attachement. Si elle devient meilleure, c’est en fonçant, en absence de choix, non pas parce que c’est inné chez elle. J’aime donc croire que vous serez investis dès la naissance et que sera bannie de votre bouche la phrase « C’est plus facile pour toi », parce que ces mots sont le poids de responsabilités que vous balancez sur les épaules de votre douce quand vous les prononcez.
Quand maman sera en congé de maternité, j’ai confiance que vous ne vous la coulerez pas douce à votre retour du travail. Parce qu’un congé de maternité, c’est un peu comme une période de convalescence. La grossesse a été fatigante, a alourdi notre corps et ramolli nos muscles. Les hormones nous jouent des tours, les problèmes digestifs, urinaires, endocriniens ne s’éclipsent pas aussitôt l’enfant expulsé. Parfois s’ajoute la guérison d’une césarienne ou la réadaptation périnéale. Le tout accompagné d’un système immunitaire affaibli par le manque de sommeil pendant des mois, en conservant les même obligations qu’auparavant et en s’occupant d’un poupon. Vous réaliserez donc l’importance de votre implication car vous n’aimeriez pas que votre partenaire vous délègue toutes ses responsabilités si c’est vous qui étiez en convalescence.
J’ose croire que le respect est votre priorité au lit, que vous ne serez jamais tentés par le chantage, en prétendant que vous serez plus impliqués si on vous satisfait….Au contraire, vous comprendrez que vous serez davantage gagnants en faisant votre part.
Si vous travaillez tous les deux, j’ai confiance que vous n’exigerez pas plus de repos pendant que votre chérie s’occupe des enfants pour compenser le fait que son salaire ne lui permet pas de contribuer à parts égales aux dépenses du foyer. Peut-on vraiment quantifier la valeur du temps précieux passé auprès de nos enfants? Et tant qu’à parler de boulot, vous ne vous approprierez l’exclusivité de l’excuse du travail à toutes les sauces en prenant pour acquis que votre job est ô! combien plus exigeant. Pourquoi être programmeur ou contracteur serait nécessairement plus difficile qu’être enseignante ou infirmière?
Si vous décidez ensemble que maman reste à la maison, j’ose croire que vous serez reconnaissants des sacrifices qu’elle fait pour la qualité de vie familiale. Vous saurez que c’est une confiance inestimable qu’elle vous accorde en vous devenant dépendante financièrement.
Aux employeurs parmi vous, je compte sur vous pour faire preuve de flexibilité et libérer les papas pour aller aux rendez-vous médicaux des enfants ou s’absenter quand ils sont malades. Ce n’est pas qu’une affaire de mamans et ce n’est pas en répondant « Tes enfants ont une mère » que vous prêcherez par l’exemple.
Au bout du compte, c’est en étant avec votre dulcinée, des modèles qui déjouent les idées préconçues qu’un changement s’opérera. C’est en faisant équipe avec votre conjointe, en la traitant comme vous voudriez que vos filles soient traitées que vous pourrez influencer les mentalités. Je doute que vous aspirez voir vos princesses gérer leur carrière et une maisonnée seules pendant que leurs conjoints se terrent sous une tonne d’excuses pour leur imposer leur part. Je ne crois pas en un partage parfaitement équitable des tâches et rôles reliés à la vie de famille. Sauf que je crois qu’un partage consensuel est réaliste. Alors si je suis une chialeuse, je préfère le rester que me taire. Je sais que beaucoup de papas font déjà un travail formidable. Saurez-vous leur emboîter le pas?
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