Ton chum t’a enfin fait la grande demande. Après quatre ans de messages subliminaux en passant devant les bijouteries, il était à peu près temps. Suite aux questions de ta mamie à savoir « si vous, vous allez faire un « vrai » mariage, pas comme la p’tite Rioux qui a fait ça à la mairie », vous décidez de faire ça à l’Église, ça fera plaisir aux aînés, et ça reflète bien vos valeurs.
Après avoir fait une demande de dérogation au prêtre de ton village pour pouvoir faire ça dans une autre paroisse (parce que t’sais, vous avez une relation privilégiée lui et toi, il a un droit de regard sur le lieu où tu célébreras un des plus importants moments de ta vie), M. le Curé t’apprend que tu dois suivre des cours de mariage (ta ta taaaaaaa (musique dramatique)). Bien que tu te doutes bien que le cours de mariage est un concept archaïque datant du temps où tu rencontrais ton chum le lundi et consommais ton union le samedi, c’est un prérequis pour pouvoir se dire le grand « Oui », alors Go for it.
Tu as le choix entre la formule « séance de torture extrême » (fin de semaine intensive) ou « lente agonie » (huit mercredis soirs en ligne). Comme tu ne peux même pas t’imaginer devoir annoncer à ton chum que vous allez devoir passer quarante-huit heures consécutives dans un ancien couvent de sœurs qui sent l’encens, et que tu crains qu’on vous fasse faire chambre à part, tu choisis la formule « supplice de la goutte ».
Vous vous présentez là à reculons sceptiquement le premier mercredi, votre journée de travail dans le corps, les ondes de la communication pas trop sur le même poste l’un et l’autre. Ton petit name tag bien en place, pendant que ton homme s’affaire à mettre à jour son fil Facebook, tu observes le monde qui t’entoure en attendant que le cours débute. Pas que tu sois du genre à juger les gens en général, mais tu es à bout de ta journée pis tu as besoin de te laisser vagabonder l’esprit. Tu te dis que Catherine est pas mal trop cute pour Francis, que me semble que Suzie pis Steeve sont vieux pour se marier, pis que le grand colon qui n’arrête pas de faire des jokes déplacées sur sa blonde va vite te taper sur les nerfs.
On vous sert un repas un peu louche, du type cafétéria d’hôpital. Tu regrettes un peu ton choix de formule pour le cours, parce que tu appréhendes les répercussions intestinales prolongées sur huit longues semaines.
La soirée est animée par Madeleine, son top en macramé pis son mari Serge. Après leur courte présentation (mariés depuis 20 ans, 9 enfants, dont 5 qui servent la messe), ils vous exposent le contenu des huit prochaines semaines. Tu te dis que la thématique « communication » sera sûrement intéressante, tu te demandes si tu dois faire croire que tu es encore vierge lors de la semaine « sexualité » et tu appréhendes déjà celle intitulée « Prions en groupe ».
Mais plus le temps avance, plus les sujets abordés te touchent. Madeleine et Serge ont vécu des épreuves difficiles, qui te rejoignent étonnamment beaucoup. Il se cache derrière leur look grano-religieux bien plus que ce à quoi tu te serais attendu. Tu t’attaches tranquillement aux membres de ton groupe. Vous finissez tous par vous inviter mutuellement à vos mariages. Finalement, Catherine et Francis vont trop bien ensemble et c’est donc ben cute que Suzie et Steeve se soient rencontrés sur le tard. Mais par-dessus tout, tu prends enfin le temps de jaser avec ton homme. Jaser de vous. Jaser de ce que vous avez pu traverser ensemble et du chemin qu’il vous reste à parcourir. Jaser de vos forces et de vos faiblesses. Déterminer quels sont vos objectifs communs et quels moyens vous pouvez choisir pour réussir à les atteindre. Après tout, c’est quand la dernière fois que vous avez choisi de vous consacrer une soirée complète pour réfléchir à votre couple? Probablement jamais. Et je peux vous dire que ça fait drôlement du bien. Parce que quand tu fais le choix de t’unir pour le meilleur et pour le pire, c’est important de t’outiller au maximum pour mener à bien ce projet commun. Un mariage, ça se construit à deux, et ce n’est pas facile. Mets donc toutes les chances de ton bord, aie l’esprit ouvert et laisse-toi surprendre par ce que ceux qui sont déjà passés par là ont à t’apprendre.
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