J’ai toujours su qu’après la vie il y avait la mort, mais ça ne m’a jamais effrayée. Puis tu es né. Et depuis, j’ai peur de mourir, mon amour.
J’ai peur de ne pas pouvoir te transmettre toutes ces valeurs qui me tiennent tant à cœur. J’ai peur de ne pas pouvoir partager avec toi les petites et les grandes expériences de ma vie au gré de la tienne lorsque le moment se présentera. De ne pas pouvoir te dire cette chose que je me suis promise de te dire à ton premier jour à la maternelle puis à l’école secondaire, cette autre lorsque tu décrocheras ton premier emploi et celles, aussi, que ma mère m’a dites avant toi.
J’ai peur de ne pas pouvoir te supporter lorsque ton monde s’écroulera.
Lorsque tu vivras ta première peine d’amour et que tu croiras y laisser ton cœur et tes tripes, j’ai peur de ne pas pouvoir te prendre dans mes bras pour te dire que je sais à quel point ça fait mal, mais que je sais aussi qu’on s’en remet.
Lorsque tu essuieras tes premières défaites et que tu auras envie de t’avouer vaincu pour de bon, j’ai peur de ne pas être là pour pouvoir te dire que la vie est truffée d’embûches, qu’il ne faut jamais cesser de se battre et que rien ni personne n’a le pouvoir d’anéantir tes rêves. J’ai peur que tu baisses les bras sans pouvoir intervenir. Sans pouvoir te convaincre de ta valeur, parce qu’à mes yeux, rien ni personne n’aura jamais plus de valeur que toi.
Lorsque rien ne se passera comme prévu et que, paniqué, tu devras improviser la suite pour poursuivre ton chemin, j’ai peur de ne pas être là pour pouvoir t’apprendre comment il faut parfois savoir s’adapter au changement et en tirer ce qu’il y a de meilleur. J’ai peur que tu te demandes ce que j’aurais fait à ta place sans pouvoir y répondre.
J’ai peur de ne pas être là pour pouvoir assister à tous les événements importants de ta vie.
J’ai peur de ne jamais rencontrer ton premier amour, de ne jamais voir cette petite flamme aussi unique que merveilleuse briller au fond de tes yeux. J’ai peur que tu regrettes de ne pas pouvoir me la présenter. J’ai peur que tu te dises que je l’aurais sans doute beaucoup aimée.
J’ai peur de ne pas assister à ton bal de finissant. De ne pas pouvoir lire la fierté de l’accomplissement sur ton visage. De ne pas pouvoir te demander de quoi tu rêves pour la suite. De ne pas pouvoir me remémorer avec toi les moments les plus doux et les moments les plus difficiles des dernières années. J’ai peur que ma présence te manque lorsque tu monteras sur la scène.
J’ai peur de ne pas connaître la femme de tes rêves, celle avec qui tu construiras la suite. J’ai peur de ne pas pouvoir venir visiter tes enfants à l’hôpital lors de leur naissance. J’ai peur de ne pas les voir grandir. De ne pas pouvoir leur faire goûter les biscuits aux cerises que ma grand-mère faisait pour moi, les mêmes que ma mère cuisine pour ton plaisir. J’ai peur que tu pleures en les tenant dans tes bras en te rappelant mon visage et en te disant que tu aurais tant aimé que je les connaisse.
J’ai peur de ne pas pouvoir suivre le cours de ta vie. J’ai peur que tu me cherches. J’ai peur que tu aies besoin de moi, que tu réclames ma présence, mais qu’elle ne laisse qu’un grand vide dans ton cœur parce que je ne serai plus là. J’ai peur de ne plus pouvoir répondre à tes appels.
J’ai peur de me retrouver quelque part où je pourrai te voir, mais où tu ne pourras plus m’entendre. Un endroit où seul mon souvenir pourra t’apporter du réconfort, mais où mes bras ne pourront plus te toucher.
Je t’aime mon garçon et peu importe là où je serai, je promets d’être toujours avec toi, de m’accrocher coûte que coûte pour t’accompagner tout au long de la route. De faire un pied de nez à la mort. De déjouer ses plans jusqu’au dernier souffle pour que penser à moi ne laisse jamais de grand vide dans ton coeur.
Ta maman qui t’aime
Ce texte me touche…
il est tout simplement parfait❤️
Merci
j’ai laissé quelques larmes m’échapper en lisant ce texte… juste wow…
Oui, moi aussi j’ai peur.
C’est pourquoi, jour après jour, je lui enseigne à avoir confiance en lui, à oser demander de l’aide lorsqu’il en a besoin et à s’entourer de personnes vraies et aimantes en qui il peut avoir confiance.
C’est aussi pour ça que chaque jour qui passe, je le comble d’amour en attendant qu’il rencontre une autre personne qui l’aimera de tout son être, différemment.
C’est parce que j’ai peur, que tout les jours je lui offre les outils nécessaires pour se passer de moi et que chaque soir je me couche plus confiante qu’il a tout en lui pour affronter la vie.
Parce que finalement, c’est ça être mère. C’est apprendre à l’être qui nous est le plus cher, à se passer de nous.
Merci pour ce joli texte qui exprime si bien ce que je ressens moi aussi.