Papa,
J’en suis à trente-sept semaines de grossesse. C’est mon premier bébé. Et tu ne le rencontreras pas. Comme tu n’as jamais eu la chance non plus de rencontrer l’homme qui partage ma vie depuis plus de sept ans. Celui que j’aime et que j’ai marié. Celui avec qui j’ai choisi de faire ce bébé. Celui avec qui j’ai vécu mes plus beaux moments d’adulte. Celui avec qui j’ai voyagé, avec qui j’ai ri à en pleurer et avec qui je me suis aussi chicané. Quoi? Ne pense pas que j’ai changé tant que ça depuis que tu es parti…!
Mais tu sais papa, tu l’aurais aimé cet homme. Il est bon pour moi et déjà tellement bon pour le bébé. Il prend bien soin de moi, ne sois surtout pas inquiet. Il endure mon caractère de merde. Tu sais, ce caractère un peu bouillant que tout le monde dit que j’ai hérité de toi…! Peut-être qu’un jour on dira de mon fils ou ma fille qu’il ou elle a aussi ce caractère, qui sait… Je dis mon fils ou ma fille parce que, j’oubliais de te le dire, on n’a pas voulu savoir le sexe du bébé avant sa naissance. Si tu savais comment ça rend maman folle!
Parlant de maman, si tu avais vu ses yeux remplis de bonheur quand nous lui avons appris que nous allions être parents. Elle est complètement gaga. Elle a acheté tellement de cadeaux à cet enfant, c’est Noël chaque jour! Je ne te mens pas, elle a même acheté un chauffe-lingettes pour le confort des fesses de ce bébé à venir. Un chauffe-lingettes!!!
Elle n’a pas refait sa vie. L’amour d’une vie, ça ne s’oublie pas si rapidement il faut croire. En ce qui me concerne, un père comme toi, ça ne s’oublie pas facilement non plus.
Je suis convaincue que tu aurais été un grand-papa absolument génial. Je me demande comment tu aurais accueilli cette nouvelle. Peut-être que tu aurais eu une petite larme comme le papa rose que tu étais. Peut-être que tu aurais juste souri à pleines dents, incapable de dire quoi que ce soit. Une chose est certaine : tu aurais été le grand-papa le plus gâteau de tout l’univers. Tu aurais probablement fait les cent pas avec maman dans la maison quand je vais l’appeler pour lui dire que je me rends à l’hôpital pour accoucher. Tu aurais sûrement parlé à ma gigantesque bedaine et chanté toutes sortes de mélodies tu aimais tellement ça, chanter. Tu aurais probablement refait installer une piscine juste pour pouvoir faire des tourbillons aux enfants. Tu aurais été voir tous leurs matchs de soccer avec tes yeux en chou-fleur à cause des allergies, mais ton cœur gonflé de bonheur au maximum.
J’avais envie de te donner des nouvelles. C’était la fête des mères dimanche dernier. Bientôt viendra la fête des pères. Même après neuf ans, je n’ai pas appris à ré-aimer cette fête… Quoi que cette année, ce sera différent avec mon petit mari qui sera maintenant papa. En fait, tout sera différent avec ce petit trésor qui sera parmi nous bientôt.
C’est pas méchant, mais tu sais, chaque fois que je vois un grand-père avec ses petits-enfants, j’ai un pincement au cœur. Ça me fait mal. Ça me rend jalouse. Je me demande si ces gens se rendent compte de la chance qu’ils ont.
On ne t’a pas oublié.
On ne t’oubliera jamais.
xxx
WoW… Ce texte me rejoint tellement. Mon père était en soins palliatifs lorsque j’ai rencontré mon chum et n’a pas pu faire connaissance avec son gendre. Il n’était plus là pour me conseiller lors de l’achat de notre maison. Il n’a pas pu me consoler lors de mes 2 fausses couches, n’a pas pu être fier de la naissance de mes 2 enfants. Il n’était pas à mes côtés quand je me suis mariée. Mes enfants me posent beaucoup de questions sur lui et j’essaie d’y répondre sans me mettre à pleurer, même après 8 ans. Heureusement, ma mère est très présente et gate les enfants pour 2. Mais il y aura toujours ce grand vide en moi et cette place vide de grand-papa maternel sur la photo de famille…