angry woman with girl

Je suis une belle-mère

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Je suis mère et belle-mère et j’aime mon fils d’un amour inconditionnel. Je l’ai mis au monde, je l’ai nourri, je l’ai soigné, j’ai vu passer tous les jours de sa vie et je connais son corps par cœur. Je connais tout de ses joies et de ses peines et je sais ce qui le fait rire. Je sais exactement là où il est chatouilleux et je connais ses repas préférés sur le bout des doigts. Je sais ce qui le fâche et je sais aussi comment le consoler; je connais les mots exacts à prononcer pour apaiser ses larmes et ses colères. Rien ni personne au monde ne peut ébranler mon amour pour lui. Il est et sera toujours l’être le plus important à mes yeux.

Puis, il y a les enfants de mon chum. Je les ai connus sur le tard. Je n’ai pas assisté à leur naissance ni à leurs premiers pas. Je ne les ai pas vus refuser leur purée de carottes et je n’ai pas assisté à leur entrée à la maternelle. Je connais très peu de choses des premières années de leur vie et je n’arrive jamais à déclencher leur rire lorsque je les chatouille. Lorsqu’ils fondent en larmes, les mots à prononcer pour sécher les torrents qui s’échappent de leurs yeux me sont inconnus et je parviens difficilement à éteindre le feu de leur colère.

Pendant un temps, j’ai essayé. J’ai essayé de les aimer comme j’aime mon propre fils. J’ai essayé d’établir ce lien avec eux. De trouver au fond de mon cœur cette lumière qui m’anime quand mon regard croise celui de mon enfant. De ressentir cette envie de les voir et de les prendre dans mes bras à tout moment du jour ou de la nuit. D’avoir envie de les embrasser de la tête aux pieds et de leur faire plaisir à outrance. De souhaiter pouvoir leur donner tout ce que je souhaite donner à mon garçon. De les traiter exactement de la même façon.

Puis, j’ai réalisé que c’était impossible et je me suis sentie terriblement coupable.

Parce qu’il ne me sera jamais possible de les voir comme je vois mon propre garçon. Parce que je serai toujours un peu moins patiente et sûrement plus critique avec eux. Parce que leurs dessins ne me laisseront jamais aussi pantoise que ceux du mien. Parce que leurs exploits ne seront jamais plus grands. Parce que leurs victoires ne seront jamais plus belles. Parce que les grands événements qui marqueront leur vie ne m’atteindront jamais autant et de la même façon.

Puis, j’ai réalisé que je n’y pouvais rien.

Parce que l’amour inconditionnel que j’ai pour mon fils ne s’invente pas. Parce qu’il n’y a pas de mode d’emploi pour les belles-mamans au même titre qu’il n’y en a pas pour les mamans. Parce que chacun donne le meilleur de lui-même en écoutant sa tête et son cœur. Parce qu’il y a des milliers de façon d’aimer et de donner et qu’il n’en existe pas de mauvaises.

J’apprends donc à aimer mes beaux-enfants autrement, d’un nouvel amour qui croît doucement au fil du temps sans plus espérer de reproduire avec eux quelque chose qui ne m’appartient pas. Quelque chose qui appartiendra uniquement et à tout jamais à leur mère qui les aime plus que sa propre vie.

Crédit : Yuganov Konstantin/Shutterstock.com

La Collaboratrice dans l'Ombre

La Collaboratrice dans l'Ombre est la couverture utilisée par toutes les collaboratrices de l'équipe qui souhaitent écrire des articles crus et criant d'une vérité sans filtre. Souhaitant exprimer et assumer leurs opinions sans pour autant blesser leur entourage immédiat, elles préfèrent alors utiliser le couvert de l'anonymat.

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