S’il y a une chose que les enfants apprennent rapidement dans la vie, c’est malheureusement qu’ils doivent se conformer aux normes dites parfaites de notre société. Dès les premières heures de leur vie, ils sont comparés, étiquetés, catégorisés. Puis, on apprend assez rapidement que, malgré les critères de performance qu’on nous impose en grandissant, le jardin est rarement plus vert chez le voisin.
Maintenant devenue parent, je refuse que mon enfant soit parfait. Je refuse qu’il se conforme aux standards attendus. Ceux de la petite enfance qui lui demandent de savoir marcher et parler à un âge précis. De savoir compter jusqu’à dix et de connaître parfaitement ses couleurs avant d’entrer à la maternelle. Ceux du milieu scolaire qui lui demandent d’écouter parfaitement les consignes sans broncher, de savoir lire et écrire dès le début de la première année ou encore de gérer ses émotions parfaitement lors d’une situation à grande charge émotive.
On va se le dire, on demande aux enfants d’exprimer leurs émotions adéquatement alors qu’ils n’ont peut-être jamais appris à les comprendre, à les gérer. On évalue leur capacité à apprendre en comparant leurs notes avec les moyennes de groupe. On attribue des mérites grandioses aux enfants qui participent à des sports d’équipe ou qui récoltent un grand nombre de médailles. On veut qu’ils sachent patiner, nager, jouer au soccer, faire du vélo. On leur demande d’obéir au lieu de réfléchir, de ne pas perdre leurs effets personnels au lieu de leur apprendre comment se structurer, de ne pas bouder quand vient le temps de partir au lieu de comprendre qu’ils appréciaient tout simplement le moment qui se termine.
Avec du recul, je refuse que mon enfant soit parfait. Je veux qu’il ait ses forces et ses faiblesses. Qu’il performe dans un domaine et soit complètement poche dans un autre. Je ne veux pas exiger qu’il ait les meilleures notes, mais lui demander de faire de son mieux. Je veux lui permettre de vivre ses émotions et lui apprendre comment les tempérer. Je veux qu’il apprenne à réfléchir à une situation au lieu d’obéir sans comprendre. Je veux lui permettre de ne pas tout aimer. De pouvoir choisir ou refuser certains aliments, certaines activités, afin qu’il développe ses propres goûts et ses propres intérêts.
Dans un monde qui vise constamment l’excellence, un monde qui brise trop souvent l’estime de soi et dans lequel l’anxiété de performance est à la hausse, je continue de croire qu’il est encore possible de grandir en étant unique. Maintenant, en tant que parent, tout ce que je souhaite pour mon enfant, c’est qu’il puisse grandir tout en forgeant sa propre personnalité.
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