Je me souviens du moment précis où j’ai compris ce que cela voulait dire de devenir une maman. J’avais promené mon énorme bedon des mois durant, convaincue de comprendre déjà ce que c’était que d’être mère.
Mon nombril et son contenu étaient LE centre de l’univers. J’avais souffert de nausées, d’un coincement du ligament rond, troqué mon ventre plat pour un ballon rempli de vergetures. Et puis, j’étais SI fatiguée. Je l’avais vraiment eu difficile. Au moins, j’avais l’impression de m’occuper de mon bébé à fond, d’être totalement dédiée, dévouée, investie.
Puis, j’ai accouché.
Deux tours d’horloge complets ont permis d’expulser le fruit de mon utérus. C’était magnifique, nous étions sur l’adrénaline, on écoutait tous les conseils de tout le monde. Ça allait vraiment bien. Jusqu’à la première nuit… Épuisée, rompue, recousue et à peine endormie, mon bébé s’est mis à pleurer pour me réclamer. Une fois, deux fois, quatre fois. Je ne sais plus. Tout d’un coup, un autre humain venait de prendre ma place au cœur de mes priorités. Je n’étais plus (aussi) importante.
Oh boy. Ouais… c’est ça hein? Pis ça va être comme ça un méchant bout de temps. J’avais comme pas capté ce bout-là avant. My God. C’était quoi déjà le slogan? T’es belle, t’es bonne, t’es fine, t’es capable.
Oh! J’ai essayé de rester la même, j’ai opposé une certaine résistance, mais la dérape a fini par gagner. Mes vêtements mode ne sont jamais vraiment ressortis de leurs boîtes. J’ai rhabillé ma garde-robe de morceaux fonctionnels et pratiques. L’argent économisé pour ce coiffeur hors de prix a plutôt été utilisé pour acheter des jouets éducatifs, des biberons sans BPA et plein de petits pots congelés de La mère poule (non, mais pourquoi essayer de faire de la purée d’agneau maison, je vous le demande!?).
Aujourd’hui, je suis à deux doigts d’affirmer que la caissière de mon épicerie est une chum de fille. J’utilise tous mes Airmiles Bonidollars pour acheter du pain et du beurre. Je bois mon café par intraveineuse (le vin et le chocolat aussi). J’ai une horloge dans la tête et il m’arrive parfois d’avoir l’air d’une cheerleader au Walmart quand j’essaie de gérer mon panier rempli à craquer, surmonté de mes enfants en délire, un peu trop heureux d’avoir une chance d’aller dans l’allée des jouets parce que « maman a besoin d’un break ».
Non, je ne serai jamais une Wonderwoman. De toute façon après trois grossesses, c’est officiel, je n’entre plus dans le costume.
Laisser un commentaire