Nous avons tous des porte-bonheur qui nous accompagnent dans notre vie. Moi, c’est ta main, maman. Cette main qui a été la première à m’accueillir dans ce monde. Celle qui m’enveloppait chaleureusement pour me bercer et me serrer contre toi. Qui me soulevait de mon lit pour me porter à ton visage afin de m’embrasser.
Lorsque j’étais enfant, tu me tendais la main pour m’encourager à marcher vers toi et tu t’en servais pour me rattraper au vol lorsque mes jambes n’étaient pas assez solides pour me soutenir. Ta main était rassurante et me forçait à me dépasser. Cette même main qui lâchait le guidon de mon vélo pour me montrer ce qu’était la liberté et qui applaudissait chacun de mes exploits. Celle-là même qui m’a montré à danser et qui m’accueillait avec un bon repas chaque soir. Cette jolie main qui m’apprenait mes leçons et me montrait à coudre. Elle semblait gantée de velours tellement elle était douce pour moi. Le soir, elle me caressait le dos et les cheveux pour m’aider à dormir. Elle n’était jamais loin.
Adolescente, je me suis un peu éloignée de cette main, qui pourtant m’était toujours tendue. Je m’y sentais menottée et j’ai voulu m’en défaire. J’ai découvert l’amour des hommes, en pensant que leur main pouvait remplacer la tienne. J’étais loin de me douter que l’amour d’une mère n’aura jamais son égal. Et par chance, ta main n’était jamais trop loin derrière, prête à m’attraper en cas de chute. Mais je cherchais à te prouver que je pouvais avancer seule. C’était vrai, par contre, j’ai aussi appris que la vie est beaucoup plus agréable lorsqu’elle est partagée avec des gens qu’on aime, main dans la main. Ta main, étant si respectueuse, n’a jamais osé pointer la direction de ma vie, mais a plutôt servi à se poser sur les miennes pour me permettre de souffler un peu et d’apprécier le paysage.
Heureusement que tu tenais ta main bien au chaud car un jour, j’ai compris qu’elle m’était indispensable. Je t’ai tendu la mienne et tu m’attendais. Tachetée par le temps, mais toujours aussi solide, elle n’avait pas perdu de sa douceur. Cette douceur apaisante qui se posait parfois sur mon épaule pour me dire que je pouvais continuer d’avancer et que tu serais toujours à mes côtés. Cette merveilleuse main qui m’ouvre la porte de ta maison chaque fois que j’en ai besoin et qui me colle sur toi pour m’étreindre. C’est au contact de cette dernière que je revois tous mes souvenirs d’enfance et auprès de laquelle je me sens toujours une enfant. Aujourd’hui, elle tient une coupe pour faire éloge à mes accomplissements.
Aujourd’hui, je te vois tenir la main de tes petits-enfants et j’en suis émue. Dans tes derniers moments, chère mère, ce sera à mon tour de tenir la tienne afin de te remettre tout l’amour que tu as su me communiquer. Cet amour que je partage aujourd’hui en tenant la main de mes enfants, et qu’ils transmettront à leur tour. Même de là-haut, je sais que tu me berceras de ton amour et que je sentirai toujours ta main dans la mienne.
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